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LE SIÉGE DE PARIS.

gardes nationaux sont refoulés jusque sur nous, j’entends mon nom jeté avec désespoir au milieu de ce bruit : « Juliette ! » J’aperçois la figure effrayée d’Adam…

Après son dîner, inquiet de moi, il est venu à la gare. Il me crie qu’il me défend de partir. Mais je suis auprès du fameux guichet tant convoité : j’ai deux billets ! Il est dix heures. Je ne consens pas à perdre le fruit de tant de peines. Je cherche ma femme de chambre, ma bonne Julie, à laquelle il est arrivé cent aventures ; j’échappe à mon seigneur et maître, et j’entre dans la salle d’attente. Autres difficultés, autre tumulte, assaut des wagons. Je me démène, j’ai des ruses de sauvage ! Deux mille personnes au moins demeurent sans place dans la gare. Nous partons !

On cause beaucoup en wagon depuis la guerre. Les hommes, il y en a cinq, racontent tous la même chose : ils vont ici ou là, faire ceci ou cela, mais ils reviennent tous à Paris le lendemain !… La seule femme qu’il y eût avec nous, une très-belle personne, affirme que Paris ne pourra tenir quinze jours devant les