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Page:Lamber - Le siège de Paris, 1873.pdf/83

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10 SEPTEMBRE.

Prussiens, et que même, durant ces deux petites semaines, il s’y commettra des horreurs !… Elle se dit franchement orléaniste, elle a une sincérité dont elle est fière, elle répète cent fois qu’il faut avoir le courage de ses opinions.

À la fin, ennuyée de ce bavardage :

— Madame, dis-je, si vous avez le courage de vos opinions, permettez que j’aie le courage des miennes. Je vous prédis que Paris tiendra au moins deux, peut-être trois mois, et qu’il ne s’y commettra point d’horreurs. Je me crois autorisée à vous faire cette prédiction, parce que je suis républicaine !

Jusque-là, je n’avais pas prononcé un mot. On s’était trompé, on s’était charmé, on s’était compris et approuvé sans moi. Ma brusque sortie cause un embarras général.

Après trois heures de retard, nous arrivons à Granville ; il pleuvait à verse, et je m’aperçus que j’avais conservé mes souliers de chambre, dont les semelles étaient des plus minces. Je barbotais dans une boue épaisse qui couvrait mes pantoufles.