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GROIJÏTCII — GROUSS

et à Saint-Pétersbourg comme ministre plénipotentiaire. Le roi Milan lui confia la présidence du conseil du 2 janv. au 27 avr. 1888. Il reprit le pouvoir en 188 !), aussitôt après l’abdication du roi Milan, comme président du conseil et ministre des affaires étrangères. Depuis 1892, il représente la Serbie à Constantinople.

GROULART (Claude), sieur de La Court, magistrat français, né à Dieppe en 1554, mort à Rouen le 3 déc. 1607. Il étudiait le droit à Valence sous Cujas, lorsque, appartenant à la religion réformée, il fut obligé de s’enfuir à Genève à la suite de la Saint-Barthélémy. Il suivit les cours de Scaliger. De retour en France en 1578, il abjura le protestantisme et acheta une charge au grand conseil. Il devenait premier président au parlement de Rouen en 1585. Il y lutta avec ardeur contre la Ligue et lorsqu’elle se fut emparée de Rouen (1589), il suivit le parlement, transféré à Caen par Henri III. Il se mit à la tète du mouvement qui proclama en cette ville Henri IV comme roi légitime. En 1594, le parlement était rappelé à Rouen et Groulait jouit jusqu’à sa mort de la faveur du roi. On a de lui une traduction latine de Lysias éditée par Henri Estienne en 1575, et un intéressant Récit de ses voyages en cour, qui a été publiée dans la collection des Mémoires sur l’histoire de France de Petitot. Groulart, ami de Malherbe, fut le protecteur des poètes et littérateurs du temps. R- S.

GROUP (Commerce). On distingue par ce mot une masse plus ou moins considérable d’or ou d’argent monnayé, en sac cacheté, expédié d’un point à un autre par une banque ou un négociant, pour un correspondant, un payement, etc.

GROUPAGE. Les cahiers des charges des compagnies de chemins de fer fixent les prix maxima qui pourront être exigés pour le transport des marchandises. Ces prix sont, dans certains cas, susceptibles d’augmentations ou surtaxes. Certaines d’entre elles sont d’ores et déjà fixées dans le cahier des charges lui-même. D’autres, au contraire, le sont annuellement dans des tarifs arrêtés par l’administration et qu’on nomme tarifs exceptionnels. Les expéditions d’objets pesant 40 kilogr. et au-dessous tombent sous le coup des tarifs exceptionnels. Les expéditeurs, lorsqu’ils ont à envoyer plusieurs objets dont chacun pèse moins de 40 kilogr., mais qui ensemble dépassent ce poids, ont intérêt, pour échapper au tarif exceptionnel, à les réunir dans une même expédition. C’est cette réunion qu’on nomme le groupage. Le groupage est utile, d’ailleurs, même pour les objets dont le poids individuel dépasse 40 kilogr. On sait, en effet, que toute fraction de poids est comptée pour 10 kilogr. Si donc, on expédie séparément trois objets pesant chacun 45 kilogr., on payera pour 150 kilogr. ; si on les groupe, au contraire, on ne payera que pour 140 kilogr. Le groupage est dit à couvert quand les objets sont réunis sous le même emballage ; à découvert quand ils sont chacun dans un emballage séparé. Les particuliers peuvent employer les deux sortes de groupage parce qu’ils ne font qu’accidentellement des envois. Les commissionnaires de transport, qui font sans cesse des expéditions, ne peuvent employer que le groupage à couvert. Cela permet aux compagnies de compenser, au moins partiellement par la diminution des frais de chargement et de déchargement, la perte qu’elles subissent par suite de la non application du tarif exceptionnel. Lyonnel Didierjean. GROUPE. I. Beaux-Arts. — Réunion de plusieurs figures concourant à une action commune. L’agencement d’un groupe est soumis aux lois générales de l’esthétique ; les groupes peuvent se multiplier dans un tableau autant que leur multiplicité ne nuit pas à la clarté du sujet exprimé. En sculpture, l’agencement du groupe est. plus complexe et plus important. On distingue le groupe plastique, qui a uniquement pour but de présenter, sous toutes les faces, des lignes et des formes combinées le plus agréablement pour l’œil, et le groupe dramatique, qui, sans renoncer à l’expression des lignes, a surtout pour objet de représenter une action violente. On peut citer comme exemples pour le premier cas, les ’trois Grâces, de G. Pilon, et pour le second cas, le Laocoon, le Milan de Crotone du Puget. Ad. T.

II. Mathématiques. — Groupes de lacets ou de ramifications. — Si l’on considère les lacets ou les ramifications d’une fonction algébrique, on dit que des lacets forment un groupe quand ils unissent les deux mêmes valeurs de la fonction algébrique considérée, et qu’il n’existe pas d’autres lacets unissant les mêmes valeurs. M. Lûroth a fait connaître sur les groupes le théorème remarquable que voici, et qui sert de base à la théorie des fonctions abéliennes. Etant donnée une fonction algébrique y d’ordre m admettant les valeurs y^y,,... y m pour une même valeur de la variable x, on peut toujours passer d’une valeur à une autre de cette fonction en construisant ses w lacets de manière à les distribuer en m — 1 groupes, le premier formé de w — 2 (m — 2) lacets unissant y L et y 2 et les m — 2 autres unissant y i avec chacune des autres valeurs de y.

Groupes de surstitutions. — Des substitutions forment un groupe ou faisceau quand les produits et les puissances de ces substitutions font partie de l’ensemble de ces substitutions (V. Substitution).

Bihl. : Mathématiques. — Cledsch, Math. Annalen, t. VI. — LCroth, id., t. IV.

GR0USIE (V. Géorgie).

GROUSSET (Paschal), homme politique et littérateur français, né en Corse en 1814. Il fit ses premières armes comme rédacteur scientifique à VEtendard, puis au Figaro, publia en 1869 le Bilan de l’année 1868, avec MM. Castagnary, Ranc et Sarcey, la Conspiration du général Malet, les Origines d’une dynastie, le Coup d’Ftat de Brumaire an VI II, etc., et entra comme rédacteur politique à la Marseillaise, tout en inspirant de Paris un journal corse de l’opposition, la Bevanche. On sait (V. Nom [Victor]) comment une polémique violente entre la Bevanche et l’Avenir de la Corse, organe du prince Pierre Ronaparte, entraîna de la part de M. Grousset l’envoi de témoins au prince Pierre, lequel tua, d’un coup de revolver, l’un des témoins, Victor Xoir (9 janv. 1870). A la suite de cet attentat et en attendant le jugement de la haute cour, M. Grousset fut détenu pendant deux mois ; il sortit de prison pour y rentrer quelques jours plus tard, à la suite d’une condamnation pour délit de presse. Le 4 septembre, puis le 18 mars mirent au premier plan cette intéressante victime de l’intolérance impériale, et M. Grousset, qui n’avait pas fondé ou ressuscité dans l’intervalle moins de quatre publications quotidiennes, la Marseillaise, la Bouche de fer, la Nouvelle lié publique et l’Affranchi, se vit délégué aux affaires extérieures par le Comité central (22 mars 1871), élu membre de la Commune dans le XVIII e arrondissement par 13,359 voix sur 17,445 votants (2(i mars) et nommé membre de la nouvelle commission executive (2t avril). Son passage au pouvoir fut signalé d’ailleurs par les mesures les plus violentes. Après l’entrée des Versaillais, il essaya de se sauver sous un habit féminin, fut reconnu, pris et condamné le 3 sept. 1871 à la déportation dans une enceinte fortifiée. Enfermé d’abord au fort Boyard, puis transporté en Nouvelle-Calédonie, il s’échappa en compagnie de M. Rorhefort (20 mars 1874), gagna les Etats-Unis, puis l’Angleterre et y attendit les événements, en donnant des leçons dans différentes institutions et en adressant au Temps des correspondances anglaises. Il publia, en 1876, avec M. Jourde, une sorte de mémento sur les condamnés politiques en Nouvelle-Calédonie. Non compris dans t’amnistie partielle de juil. 1879, il rentra seulement en France deux années plus tard, essaya encore de la politique aux élections législatives du 21 août 1881 et fut complètement battu dans l’arrondissement de Corte par son concurrent, M. Emmanuel Arène. M. Grousset parut alors renoncer à la politique, pour se vouer entière-