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projet. Les constructions étaient déjà bien avancées lorsque survinrent les événements de 1814 et 1815. Une ordonnance royale, du 14 février 1816, rendit à l’édifice sa première desti-

    de ce document : « À l’intérieur, seront inscrits sur des tables de marbre les noms de tous les hommes, par corps d’armée et par régiment, qui ont assisté aux batailles d’Ulm, d’Austerlitz et d’Iena, et sur des tables d’or massif les noms de tous ceux qui sont morts sur les champs de bataille. Sur des tables d’argent sera gravée la récapitulation, par département, des soldats que chaque département a fournis à la Grande Armée. Autour de la salle seront disposés des bas-reliefs où seront représentés les colonels de chacun des régiments de la Grande Armée, avec leurs noms. Ces bas-reliefs seront faits de manière que les colonels soient groupés autour de leurs généraux de division et de brigade, par corps d’armée. Les statues en marbre des maréchaux qui ont commandé des corps ou qui ont fait partie de la Grande Armée seront placées dans l’intérieur de la salle… » Le 30 mai 1807, Napoléon, après avoir fait choix du projet de Vignon, adressait, du même camp de Finckenstein, des instructions complémentaires qui devaient être transmises à l’architecte. » Il ne faut pas de bois dans la construction, disait l’empereur. Pourquoi n’emploierait-on pas pour la voûte, qui a fait un objet de discussion, du fer ou même des pots de terre ? Dans un temple qui est destiné à durer des milliers d’années, il faut chercher la plus grande solidité possible… du granit et du fer ; tels devraient être ceux de ce monument… je suppose que toutes les sculptures intérieures seront en marbre ; et qu’on ne me propose pas des sculptures propres aux salons et salles à manger des femmes de banquiers de Paris. Tout ce qui est futile n’est pas simple et noble ; tout ce qui n’est pas de longue durée ne doit pas être employé dans ce monument… » On voit par ces extraits combien, en général, Napoléon se préoccupait des moindres détails et surtout quelle foi il avait dans l’avenir. Tout était prévu dans ce programme, tout excepté 1815 ! Le Temple de la Gloire qui devait durer des milliers d’années et porter sur son front cette dédicace ambitieuse : « L’empereur Napoléon aux soldats de la Grande Armée », redevenait simplement, à quelques années de là, l’église « royale » de la Madeleine.