Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/145

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faire certains besoins de ses nationaux, en donnant, par exemple, l’instruction, en construisant et en exploitant des chemins de fer, etc. Et d’autre part il se procurera, notamment par l’impôt, les ressources qui lui sont nécessaires pour remplir les fonctions indiquées ci-dessus, et telles autres qu’il assume encore.

En tant que l’État cherche à satisfaire des besoins — besoins des nationaux ou besoins propres de l’État —, en tant qu’il est obligé, pour cela, de créer ou d’acquérir des biens, on déterminera sans peine dans quelle mesure on peut utiliser, à propos de son économie, tout ce qui a été dit dans les sections I et II de ce chapitre, et l’on se convaincra que ce qui est vrai, ici, de l’économie de l’individu peut être appliqué, à peu de chose près, à l’économie de l’État. D’autre part, on conçoit sans peine ce qu’est l’intérêt d’une nation. Cet intérêt demande que pour l’ensemble des membres présents et futurs de la nation, dans toute la suite des temps qu’elle est destinée à vivre, la somme du bien-être positif excède le plus possible la somme des maux.

La question qu’il faut soulever, c’est la question de savoir comment les intérêts économiques de la nation pourront être défendus, puisqu’enfin ces intérêts ne sauraient jamais être confiés qu’à des individus.

Pour ce qui est des fonctionnaires de toutes sortes et de tous grades qui constituent les administrations publiques, leur cas n’est pas essentiellement différent de celui des employés des particuliers. La seule différence que l’on constate tient à l’énormité des administrations publiques, laquelle rend plus nécessaire, d’une part une bonne organisation de ces administrations, et d’autre part la présence chez tous ceux qui les constituent d’un esprit de probité et de dévouement à leur tâche.

Mais attachons-nous à ceux qui sont chargés de diriger les administrations, et de prendre toutes les grandes mesures intéressant la nation : au souverain ou aux membres du gouvernement, qui détiennent le pouvoir exécutif, aux membres des assemblées, qui exercent le pouvoir législatif. Ne seront-ils pas tentés souvent, eux aussi, de faire passer avant les intérêts généraux qui leur sont confiés des intérêts particuliers, les leurs propres ou ceux de leurs commettants ? Que l’on ne dise pas que là où la décision appartient à un corps, et non plus à un seul individu, la difficulté d’une conspiration entre les membres de ce corps sera une garantie que les intérêts de la collectivité ne seront pas sacrifiés. C’est de bien des manières que les intérêts particuliers peuvent avoir une influence fâcheuse sur la marche des affaires publiques. Et sans entrer dans plus de détails, il suffira d’indiquer ce fait, qui n’est que trop établi par l’histoire des démocraties con-

    gonismes économiques, partie III, chap. 1, I-II. Nous retrouverons d’ailleurs dans l’appendice I la question que nous rencontrons ici.