Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/217

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mais où le principe de l’association, néanmoins, paraît être d’ordre économique bien plutôt que d’ordre moral ; La zadruga des Slaves méridionaux, par exemple, demeure à peu près constante au point de vue du nombre de ses membres — ceux-ci sont vingt à cinquante en général — ; elle exploite collectivement les terres qu’elle possède, sous la direction d’un gospodar : chacun des ménages de la zadruga, toutefois, a sa maison particulière, son jardin, et peut exercer une industrie dont les fruits lui bénéficieront.

116. La propriété collective dans nos pays. — Revenons à nos sociétés occidentales. Ici encore, au-dessus des individus, il y a des collectivités qui possèdent et qui produisent. Mais voyons d’une manière aussi exacte que possible ce qu’elles possèdent, et la part qu’elles ont à la production.

Il nous faut commencer par l’État, qui est la plus vaste des unités économiques, et par les collectivités du même genre qui lui sont subordonnées — ce sont, pour la France, les départements et les communes —.

Ces diverses collectivités ont tout d’abord des biens dont elles ne tirent aucun revenu. Ces biens sont, à peu de chose près, les mêmes qui constituent le domaine public, c’est-à-dire ceux qui, en raison de leur nature ou de l’affectation qui leur a été donnée, ne sauraient devenir objet de propriété privée : ainsi les rivages de la mer, les ports et rades, les fleuves et rivières navigables et flottables, les canaux, les fortifications militaires, les routes, ponts et rues, les églises, musées, etc[1]. De tels biens ne sauraient guère être évalués. On peut seulement, pour ceux qui ne sont point des dons de la nature, considérer ce qu’ils ont coûté à créer : on apprendra ainsi que la France, depuis 1822, a dépensé environ 1 milliard pour le creusement de ses ports, 1,5 milliard pour le creusement de ses canaux et l’amélioration de la navigabilité de ses rivières, 4 milliards pour la construction des routes[2]. Et l’on saura par la lecture des budgets ce qui est dépensé annuellement pour l’entretien de ces ports, de ces canaux et de ces routes.

La plupart des biens dont nous venons de parler sont mis à la disposition de tous, et cela parce qu’ils jouent un rôle de première importance dans la vie économique générale. Mais s’il en est ainsi, il convient de mentionner, à côté des dépenses que l’État, les départements, les communes s’imposent pour les créer ou pour les entretenir, tant d’autres dépenses qu’ils font également en vue de la prospérité publique, pour fournir aux citoyens des

  1. Les chemins de fer font partie du domaine public national ; mais ils rapportent à l’État des revenus, ou pourraient en rapporter.
  2. Pour la voirie urbaine, il aurait été dépensé aussi quelque 4 milliards. Ces chiffres sont empruntés à Colson, Cours d’économie politique, liv. III, chap. 8, vi, A.