Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/41

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louer aussi pour cet esprit de discipline qui leur permet d’organiser des études collectives très fructueuses.

Toutefois, au point de vue de l’élaboration des matériaux ainsi réunis, l’économique allemande ne mérite plus les mêmes éloges. Trop souvent les auteurs allemands demeurent confus, ou ils se perdent dans une espèce de scolastique. La clarté, la force constructive, le don de la généralisation manquent à un trop grand nombre d’entre eux.

La plupart des économistes allemands appartiennent à l’école historique. Ils s’inspirent du programme que List avait tracé. Schmoller est, dans ce groupe, l’auteur le plus illustre[1].

Une tendance quelque peu différente a Wagner comme représentant le plus éminent[2]. Comme les économistes de l’école historique, Wagner s’attache à l’économie nationale. Comme eux encore, il s’est appliqué avant tout aux faits. Il ne manifeste pas, cependant, le même éloignement pour les spéculations théoriques. D’autre part, les faits sur lesquels il porte son attention sont surtout les faits contemporains, et c’est surtout avec des préoccupations d’ordre pratique que Wagner les considère.

Comparée à celle de ces maîtres dont la réputation est universelle, et qu’entourent une légion d’élèves, la destinée d’Effertz apparaît étrange. Il est demeuré jusqu’à ce jour inconnu de la plupart, ou bien l’on a traité ses œuvres par un silence méprisant. Et cependant, si on peut lui reprocher de s’en être tenu à des vues très larges, et par là très approximatives, il n’en reste pas moins qu’il a introduit pour des questions anciennes des solutions nouvelles, qu’il a posé le premier, ou traité le premier d’une manière approfondie, des questions de la plus haute importance pour la théorie et la pratique, que nul mieux que lui ne nous fait apercevoir, à travers les apparences chrématistiques, les réalités essentielles de l’économie, les forces dont l’action détermine les résultats de cette économie, et apprécier la valeur des différentes organisations sociales ; au total, qu’il mérite d’occuper, dans l’histoire de l’économique, une place hors de pair[3].

Il y a lieu de séparer des économistes allemands les économistes autrichiens, qui forment une école tout à fait distincte[4]. Les économistes autrichiens visent surtout à la découverte de vérités générales, de lois. Ils ne craignent pas de se servir du raisonnement déductif, et prennent pour point de départ de leurs déductions des observations psychologiques. Carl Menger, ainsi, a donné de la valeur, en même temps que Jevons, une théorie qui

  1. Nous avons cité déjà son Grundriss.
  2. Voir sa Grundlegung der politischen Œkonomie.
  3. Voir Arbeit und Boden, nouvelle éd., Berlin, Puttkammer et Mühlbrecht, 1897, et Les antagonismes économiques.
  4. Cf. notre article sur L’école économique autrichienne, dans la Rivista di scienza, 1907.