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fonde celle-ci sur l’utilité-limite des biens[1]. Böhm-Bawerk a poussé plus loin les recherches de Menger, et il a donné une théorie nouvelle de l’intérêt du capital, basée sur l’appréciation différente que les hommes font des biens selon le moment, présent ou futur, où ils doivent en avoir la jouissance[2].

L’Italie s’adonne beaucoup aux études économiques. Un grand nombre de ses économistes se sont formés principalement à l’école des Anglais : tel Pantaleoni[3]. D’autres ont une culture allemande, et sont nourris des écrits de Marx. Il en est, comme Pareto[4], qui se rattachent à l’enseignement mathématique de Walras.

Il nous reste à parler de la France. Elle n’occupe pas, dans l’ordre des études économiques, une place aussi éminente que dans d’autres ordres d’études. La raison en est sans doute dans le fait que jusqu’à tout dernièrement il n’y a pas eu pour l’enseignement de l’économique, chez nous, un recrutement distinct. Déjà dans la période précédente les plus distingués de nos économistes avaient été des philosophes ou des ingénieurs, comme Cournot et Dupuit. Dans la période contemporaine, nous voyons encore l’économique française représentée par des mathématiciens comme Walras — un des plus illustres parmi les partisans de la méthode mathématique — et de Foville, par des historiens comme Levasseur, par des ingénieurs comme Colson. D’autres sont venus à l’économique du monde de la politique, de la finance et du journalisme : tel Leroy-Beaulieu. Ce n’est pas toutefois que dans les écoles de droit aussi on ne trouve des économistes de valeur : qu’il suffise de citer les noms de Cauwès, Gide et Bourguin.

Au reste, cet état de choses que nous avons dû signaler est destiné à se modifier bientôt. L’institution récente d’un concours spécial pour l’enseignement de l’économique ne peut pas manquer d’avoir pour résultat, dans un avenir très prochain, un accroissement considérable de la part de notre pays dans la production générale de travaux économiques[5].

  1. Grundsütze der Volkswirkschaftslehre, Vienne, 1871.
  2. Capital und Capitalzins, Innsbruck, Ire partie, Geschichte und Kritik der Capitalzinstheorien, 2e éd., 1900 (trad. fr., Histoire critique des théories de l’intérêt du capital, Paris, Giard et Brière, 2 vol., 1902), 2e partie, Positive Theorie des Capitales, 2e éd., 1902.
  3. Principii di economia pura, Florence, Barbèra, 2e éd., 1894.
  4. Cours d’économie politique, Lausanne, Rouge, 2 vol., 1896-1897, Manuale di economia politica, Milan, Società éditrice, 1906.
  5. C’est ici sans doute qu’il y a lieu de fournir une bibliographie des ouvrages généraux sur l’économique. Nous nous bornerons à quelques indications, nous limitant aux livres les plus récents, et ne prenant parmi ces livres que ceux qui, pour une raison ou pour une autre, sont particulièrement utiles à consulter.
    Parmi les publications allemandes, qui sont les plus nombreuses, il convient de mettre en tête le Handwörterbuch der Staatswissenschaften, édité par Conrad,