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souvent très élevé. L’État français, par exemple, retire un bénéfice relativement sérieux de la fabrication des monnaies d’argent, et il en retire un qui est plus sérieux encore de la fabrication des monnaies de bronze et de nickel. Pour ce qui est de ces dernières, il est nécessaire, peut-on dire, qu’il en soit ainsi : des pièces de 0, 25 franc en nickel, de 0, 10 et de 0, 05 franc en bronze, si elles devaient contenir le poids de métal qui correspond à ces valeurs nominales, seraient trop lourdes et trop grosses — les pièces de bronze surtout —. On n’a pas à craindre, d’autre part, que des pièces de si peu de valeur subissent jamais une dépréciation, que les gens fassent des difficultés pour les recevoir ; et l’on n’a guère à craindre non plus que la fabrication de cette sorte de pièces tente les faux-monnayeurs.

248. Monnaies de papier : conséquence de leur émission. — À coté de ces monnaies fiduciaires à cours forcé qui, étant métalliques, ne sont que partiellement fictives, il y en a qui sont complètement fictives : ce sont certaines monnaies de papier. Il convient d’ailleurs d’indiquer, à ce propos, qu’on réserve souvent le nom de monnaies fiduciaires à ces monnaies qui sont complètement fictives.

Il existe des papiers-monnaie de diverses sortes. Les certificats d’or et d’argent des États-Unis dont nous avons parlé sont un papier-monnaie sans cours légal, convertible, et entièrement garanti par une réserve de métal — par là ils constituent ce qu’on appelle une monnaie représentative —. Il y a des papiers-monnaie qui ont cours légal et qui sont convertibles — comme les greenbacks des États-Unis —, d’autres qui ont cours légal et qui ne sont pas convertibles, mais qui rapportent intérêt. Nous n’avons à nous occuper ici que de ce papier — monnaie qui a cours forcé et qui ne rapporte pas d’intérêts : c’est le papier-monnaie dans le sens étroit du mot.

Le papier-monnaie — au sens étroit du mot[1] — a existé dans des contrées éloignées comme la Chine, à une époque déjà ancienne. Dans nos pays, il n’est guère apparu qu’il y a deux siècles environ, postérieurement au billet de banque, dont le succès fut précisément, en Europe, ce qui donna l’idée de le créer. Mais depuis lors il en a été émis dans beaucoup de pays, et plusieurs pays en ont encore en circulation. Les émissions de papier-monnaie, au reste, ont été faites plus d’une fois dans des conditions telles qu’elles ont été plus dommageables qu’utiles aux pays qui y ont eu recours. Aussi l’opinion des économistes est-elle, d’une manière très générale, nettement défavorable au papier-monnaie. Il y a lieu de voir si la condamnation que l’on prononce si souvent contre lui est justifiée pour tous les cas, et si, là où elle se justifie, elle n’est pas fondée en partie sur

  1. Sur la monnaie de papier en général, et sur le « papier-monnaie » en particulier, voir l’article Papiergeld, par Lexis, dans le Handwörterbuch d. S., t. VI ; voir encore Philippovich, Grundriss, 1er vol., § 106, et Arnauné, La monnaie, 3e partie, chap. 1, § 2.