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qu’on se place, il y a un prix établi pour chaque chose, et que, sauf le cas de l’introduction d’une marchandise nouvelle, ce ne sont que des variations de ces prix établis qui se produisent.

295. Remarques sur le marché. — Nos autres remarques générales auront trait à ce marché dans lequel nous avons vu comment le prix de concurrence se déterminait[1]. Qu’est-ce qu’un marché ? Au sens usuel du mot, c’est un lieu où des acheteurs et des vendeurs se trouvent en présence, où chacun sait à quel prix les autres vendent et achètent, ou plutôt cherchent à vendre et à acheter, où par suite il ne peut s’établir, dans un moment donné, qu’un seul prix pour une même marchandise. Dans la théorie économique, un marché est l’ensemble de ces personnes qui, cherchant à vendre ou à acheter des marchandises, ont de telles facilités pour le transport des nouvelles et pour celui des marchandises elles-mêmes que celles-ci, dans chaque moment, ne peuvent avoir chacune qu’un prix. De lois marchés sont fort nombreux. Les Bourses de valeurs et de marchandises sont des marchés. Chaque ville constitue un marché pour toutes sortes de produits. Pour de certains produits, on peut dire que telle région constitue un marché. Pour certains, même, on peut dire qu’il y a un marché national dans tel pays, ou qu’il y a un marché mondial. Et l’on a noté bien des fois que la communication des nouvelles et le transport des produits devenant de plus en plus rapides, et de moins en moins coûteux, les marchés vont toujours s’élargissant, tout au moins pour ces biens qui ne sont pas tellement fragiles ou tellement périssables qu’il soit impossible de les transporter, pour ceux qu’on n’est pas obligé de consommer chez le producteur même ou qui ne sont pas constitués par des immeubles.

Voici donc les observations qu’il y a lieu de formuler ici.

Tout d’abord, c’est une question de savoir s’il est tout à fait correct de parler de marché là où la considération du coût du transport, si faible d’ailleurs que soit ce coût, intervient d’une certaine façon. Soit deux producteurs ayant leurs établissements dans deux villes différentes ; le transport de leurs produits de l’une de ces deux villes à l’autre coûte, par exemple, 5 francs par unité. Comment établirons-nous, dès lors, la courbe de l’offre ? L’offre de chaque producteur, par rapport à la ville où il a son établissement, est figurée par une certaine courbe ; par rapport à l’autre ville, elle doit être figurée par une autre courbe, de même forme que la première, mais se développant à une plus grande hauteur : car les acheteurs, s’ils veulent s’adresser au producteur qui n’est pas dans leur ville, doivent payer, en plus du coût de production proprement dit, les frais de transport. En somme, entre deux localités, la concurrence ne saurait être parfaite ; et plutôt que de parler d’un marché qui engloberait ces deux lo

  1. Sur le marché, voir Marshall, Principles, liv. V, chap. 1.