Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/599

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nons, comme il faut faire, une unité suffisamment petite, alors les rendements des doses successives de capital et de travail dessineront, pour chaque fonds, une courbe véritable ; pour chaque fonds les dépenses de production pourront être arrêtées à un chiffre quelconque ; et étant arrêtées où il faut, les dernières doses appliquées seront également productives sur tous les fonds. En définitive, la dose marginale pourra être cherchée ici ou là indifféremment.

Il convient d’indiquer, maintenant, que si l’on excepte certains cas de nature exceptionnelle, tous les fonds qui sont exploités doivent, en théorie, donner une rente. Un fonds exploité donnera évidemment une rente si le rendement des doses de capital et de travail antérieures à la dose marginale n’est à aucun moment inférieur au rendement rémunérateur, et qu’il lui soit supérieur par moments ; il en donnera une encore si la courbe du rendement, avant qu’on arrive à la dose marginale, passe en dessous du niveau rémunérateur, et que les parties de cette courbe situées au-dessus du niveau rémunérateur enferment plus de superficie que celles qui sont situées au-dessous. Pour qu’un fonds qui est exploité ne donnât point de rente, il faudrait que le rendement des dépenses productives s’établit tout de suite et se maintînt un certain temps exactement à ce niveau qui n’est que rémunérateur, puis tombât au-dessous ; ou encore il faudrait que la partie de la courbe du rendement située au-dessus du niveau rémunérateur enfermât juste autant de superficie que la partie située au-dessous. Si toutefois l’on prend les choses un peu grossièrement, comme il est nécessaire de faire dans la pratique, il y a beaucoup de fonds dont l’exploitation ne devient rémunératrice que si l’on y dépense une certaine somme, et sur lesquels, cette somme ayant été dépensée qui rendra l’exploitation rémunératrice — seulement rémunératrice —, toute dépense supplémentaire n’augmentera jamais le rendement que dans une mesure insuffisante : si bien que l’on peut dire que ces fonds ne donnent pas de rente.

343. — Le fondement de la rente. — De l’exposé qui précède il est possible de tirer une vue générale sur le fondement de la rente. Le phénomène de la rente, a-t-on dit, procède de la loi de la décroissance des rendements. Imaginons un certain nombre de fonds qui soient exploités — avec des rendements soit croissants, soit constants — jusqu’à ce point où les rendements commenceraient à décroître — il s’agit ici des rendements techniques — ; imaginons en même temps qu’il y ait d’autres fonds disponibles à côté de ceux-là qui ne soient pas exploités, et que ce pendant, vu l’état de la demande, il n’y ait pas moyen d’augmenter lucrativement la production" : alors il n’y aura pas de rente. Que si, au contraire, la décroissance des rendements se manifeste — autrement dit si elle intéresse cette partie des courbes des rendements qui se trouve au-dessus du niveau rémunérateur —, la rente apparaîtra.