Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/619

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rait[1]. Si en démolissant sa maison et en en construisant une nouvelle notre propriétaire pouvait s’assurer un revenu de 15.000 francs, et qu’il dût lui en coûter 200.000 francs, alors il est clair, l’intérêt de l’argent étant compté à 4 %, que le propriétaire n’acceptera pas de laisser son re venu baisser au-dessous de 13.000 — 8.000, c’est-à-dire de 7.000 francs. Dans ces conditions, ce sont ces 7.000 francs au-dessous desquels le revenu du propriétaire ne descendra pas dans lesquels il y a lieu de voir la rente du terrain ; et c’est le surplus du revenu, soit 3.000 francs, qui doit être imputé à la construction. Pour ce qui est, au reste, des 3.000 francs que nous imputons à la construction, on y verra une rente si on considère que celle construction n’est pas susceptible d’être « consommée » ; on y verra un intérêt — augmenté peut-être d’une renie — si on considère ce qu’il en a coûté pour l’édifier.

356. Comment elle se détermine. — Qu’est-ce qui détermine la rente inégale des terrains bâtis ? La rente d’une terre cultivée, nous le savons, dépend à la fois de sa fertilité et de sa situation. Four les terrains bâtis, il n’est pas impossible de trouver quelque chose d’analogue à la fertilité : ce serait la façon dont ces terrains se prêtent à supporter des constructions. Entre deux terrains sur lesquels il faudra dépenser, pour bâtir des maisons pareilles, respectivement 100.000 francs et 105.000 francs — parce qu’on est obligé, par exemple, de descendre les fondations de l’une beaucoup plus bas que celles de l’autre —, le rapport est un peu le même qu’entre deux terres qui donnent l’une et l’autre 30 hectolitres de blé à l’hectare, mais l’une avec une dépense de 400 francs et l’autre avec une dépense de 420 francs.

Toutefois, le plus important de beaucoup des facteurs d’où résulte la rente des terrains, c’est leur emplacement, qui correspond dans une certaine mesure à la situation des terres cultivées. La situation des terres cultivées influe sur leur rente parce qu’elle fait plus ou moins élevés les frais de transport que les produits auront à supporter pour arriver sur le marché, modifiant par là le coût de production, ou si l’on préfère parler ainsi le prix de vente de ces produits. L’emplacement des terrains bâtis influe sur leur rente parce qu’il fait plus ou moins élevée la valeur d’usage des constructions qu’ils portent. Ce qui fait, au reste, qu’un em placement est plus ou moins heureux, c’est tout un ensemble de rai sons. Si un emplacement est plus apprécié qu’un autre, ce sera tout d’abord à cause de sa proximité par rapport à ceci ou à cela. Les gens qui cherchent un logement se soucient d’être près de leurs affaires, de leurs approvisionnements, de leurs relations, de leurs plaisirs, de leurs occupations diverses. Les commerçants qui veulent ouvrir un magasin seront

  1. Il ne descendra pas non plus au-dessous de ce qu’on tirerait de la terre si on la mettait en culture.