Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/620

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obligés, à l’ordinaire, de prendre une boutique qui soit facilement accessible à ceux parmi lesquels ils veulent recruter leur clientèle ; et comme la concurrence les force à solliciter le client, au lieu de l’attendre, il leur faudra s’installer dans un lieu passant : on voit quelquefois, de deux boutiques contiguës, l’une prospérer et l’autre ne point faire d’affaires du tout, sans qu’il y ait à cela d’autre raison que les endroits point identiques où ces boutiques sont installées. Mais d’autres considérations interviennent encore pour faire apprécier diversement les emplacements : l’exposition qu’ont les constructions, la vue qu’elles donnent, leur salubrité, etc.

357. Ce qui la fait varier. — Quelles sont, maintenant, les causes qui font varier la rente urbaine d’une époque à l’autre, pour une ville considérée dans son ensemble, ou encore pour un quartier ? Ces causes sont multiples. La plus importante, comme on le conçoit aisément, est constituée par les changements de la population. Que la population d’une ville vienne à doubler, alors des quartiers nouveaux seront construits, où des rentes se formeront ; en même temps, l’on verra sans doute les rentes mon ter de ces immeubles qui étaient déjà bâtis. Toutefois l’accroissement de la population dans une ville n’aura pas nécessairement pour effet d’élever la rente des terrains bâtis dans toute l’étendue de la ville. Et c’est ici qu’il faut mentionner le fait que certains quartiers peuvent perdre, comme on dit, ii des moments donnés, soit par rapport aux autres, soit même absolument. Les rentes, par exemple, sont en train de baisser dans plusieurs quartiers de Paris ; et nous voulons parler, non pas seulement des rentes complexes des immeubles — la baisse de ces rentes complexes s’expliquerait principalement par la vétusté des constructions, et par certains changements des mœurs qui en font trouver le confort insuffisant —, mais de ces rentes qu’on doit imputer aux terrains : une maison de construction récente rapportera moins aujourd’hui, dans tel quartier, qu’elle n’eût rapporté naguère. C’est que l’on n’aime plus habiter dans un quartier où les constructions sont anciennes pour la plupart ; c’est qu’on lient davantage à se loger sur des rues bien aérées ; c’est qu’on a inventé des véhicules dont il n’est pas facile de se servir dans ces quartiers que l’on déserte, ou que l’habitude s’est répandue d’employer des véhicules pareils. Il n’est d’ailleurs même pas nécessaire, pour que la rente des terrains baisse dans un quartier, de supposer des changements dans les goûts et les habitudes de la population : ces goûts, ces habitudes restant les mômes, il suffit d’une amélioration des moyens de transport. Il y a des gens qui tiennent à ne pas être à plus de 10 minutes de distance d’un certain lieu, ou à ne pas avoir à dépenser plus de 15 centimes pour s’y rendre ; qu’une ligne de tramways vienne à être établie, que les prix soient abaissés sur une ligne existante, et il leur sera possible d’aller se loger dans un autre quartier. D’une manière générale, l’amélioration des moyens de transport tendra à décongestionner les