Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/302

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tout au moins pour justifier, la politique dite de non-intervention. Il apparaît chaque jour plus évident que cette politique favorise le chantage il la guerre, augmente sans cesse l'audace et le cynisme des violents et nous acculerait fatalement à la guerre dans les pires conditions, même si nous allions jusqu'au dernier renoncement en adoptant la formule égoïste et lâche "Plutôt la servitude que la mort!" qui rejoint singulièrement sur le plan de l'action ou plutôt sur le plan de l'inaction l'autre formule trop souvent entendue et qui exprime une autre forme d'égoïsme : «Plutôt Hitler que la révolution!» Car il est dans la logique de la force et de la doctrine dont se réclament les maîtres ainsi acceptés que ceux-ci n'hésiteraient pas à envoyer leur troupeau d'esclaves vers une mort ignominieuse. La contradiction tragique dans laquelle nous nous trouvons ainsi placés prend sa source dans la légitime horreur ressentie par nous tous devant les abominations de la grande guerre, devant celles, pires encore, peut-être, des massacres de populations sans défense auxquels nous assistons en Espagne ou en Chine et qui nous donnent, hélas! une faible idée de ce que serait une conflagration générale, où joueraient il plein les moyens techniques de destruction mis par la science, à la disposition des hommes. L'abdication nous y conduirait; seul peut nous en protéger un suprême effort d'intelligence et de volonté.