Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/50

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Le fait que j’ai cru devoir partager mes forces entre le service de la Science et celui de la Justice, tient certainement à l’atmosphère dans laquelle j’ai grandi, au lendemain de la guerre de 1870, entre un père républicain jusqu’au fond de l’âme et une mère dévouée jusqu’au sacrifice, au milieu de cet admirable peuple de Paris dont je me suis toujours senti si profondément solidaire. Mon père, qui avait dû, malgré lui, interrompre ses études à dix-huit ans, m’a inspiré le désir de savoir ; lui et ma mère, témoins oculaires du siège et de la sanglante répression de la Commune, m’ont, par leurs récits, mis au cœur l’horreur de la violence et le désir passionné de la justice sociale.


Tel est l’hommage que Paul Langevin lui-même, quelques mois avant sa mort, tint à rendre solennellement, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne[1], à ses parents et au peuple parisien dont il était issu.

  1. Allocution de Paul Langevin au cours de l’hommage qui lui fut solennellement rendu, le 3 mars 1945, à la Sorbonne. Cette allocution est reproduite dans l’Hommage à Paul Langevin, édité par l’U. F. U., Paris, 1946, pp. 45 et 46.