Aller au contenu

Page:Langevin - La physique depuis vingt ans, 1923.djvu/443

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lien qui les unisse, un outil bien en main ; et, j’insiste là-dessus, facile à réparer ; quand il aura bien vu comment on le fabrique il saura lui-même l’entretenir à mesure des progrès scientifiques, habitué dès longtemps à cette idée que nous ne possédons pas de formule définitive. Je ne crois pas que ce caractère d’évolution continuelle, inégalement rapide dans les divers domaines, doive faire exclure systématiquement de l’enseignement, aux dépens de son unité, ces constructions imposantes quoique au moins en partie provisoires, qui représentent le résultat le plus clair des conquêtes scientifiques. Les plus importantes sont la mécanique d’une part et la conception atomistique d’autre part qui toutes deux groupent un nombre immense de faits dans des domaines différents, la première plus superficielle et l’autre plus profonde. Bien que leur structure et leur validité soient de tous points comparables, elles ont été traitées de façons bien différentes : j’opposerai tout à l’heure la faveur excessive dont jouit la mécanique grâce à l’obscurité qu’on laisse d’ordinaire sur ses origines et sur ses limites d’applicabilité, et la défaveur également excessive dans laquelle on tient l’atomistique. Elles peuvent toutes deux rendre de grands services pour la coordination des lois à condition d’enlever à leur exposition tout caractère dogmatique, de montrer comment elles reposent toutes deux sur une induction expérimentale d’extension limitée, comment elles vivent et se transforment, au lieu d’en faire des systèmes figés dans l’obscurité de la mort comme on le fait pour la mécanique