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Page:Langevin - La physique depuis vingt ans, 1923.djvu/451

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conceptions théologiques ou anthropomorphiques de ses fondateurs (Descartes justifiait la conservation de la quantité de mouvement par la perfection de la divinité, et Maupertuis le principe de moindre action par la simplicité des œuvres du Créateur) et en partie aussi à la nature des choses. Comment, par exemple énoncer de manière satisfaisante le principe de l’inertie, sinon en disant sous forme dogmatique : il existe un système d’axes, défini à une translation uniforme près, par rapport auquel un mobile éloigné de toute autre matière se meut en ligne droite avec une vitesse constante. Sans vouloir soulever les difficultés inhérentes à la notion du mouvement absolu, je puis indiquer ce que dit à ce sujet un des mécaniciens modernes les plus profonds, M. Ernst Mach dans son Histoire de la mécanique dont une traduction française a paru récemment (Traduction E. Bertrand, Hermann, éditeur). Le mouvement d’un corps K ne peut être observé que par rapport à d’autres corps A, B, C… Mais nous pouvons disposer d’un nombre suffisant de corps relativement fixes les uns par rapport aux autres ou dont les positions ne changent tout au moins que très lentement : nous ne sommes donc restreints à aucun corps déterminé comme repère et nous pouvons faire abstraction tantôt de l’un, tantôt de l’autre. C’est ce qui a donné naissance à l’idée que ces corps sont, somme toute, indifférents. Il se peut en effet que les corps isolés A, B, C ne soient qu’accessoires dans la détermination du