Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/121

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qu’il y avait de jeunesse dans ce monde barbare, il cherchait à s’en rajeunir. La question de nationalité était pour lui fort secondaire. L’empire grec d’Orient était comme la monarchie pontificale de Rome : non pas un État constitué pour telle ou telle nation, telle ou telle race d’hommes, mais une institution qui était le patrimoine commun du genre humain. La Sainte Hiérarchie byzantine, comme le Sacré Collège des cardinaux romains, se recrutait des notabilités du monde entier. De même qu’au moyen âge on vit des papes italiens, français, anglais, allemands, espagnols, de même il y eut des basileis arméniens, isauriens, slaves, aussi souvent que byzantins. Peu importait la langue ou la race : il suffisait qu’on fût baptisé. Le baptême ouvrait au néophyte barbare l’État en même temps que l’Église.

Dans les armées de Justinien, des Antes, des Slaves, des Goths, des Hérules, des Vandales, des Lombards, des Arméniens, des Perses, des Maures, des Huns : ils combattent en Italie, en Espagne, en Afrique, en Égypte, sur le Danube et sur l’Euphrate. Recrutés dans tous les pays, on les envoie se faire tuer sous tous les climats. — C’est avec la valeur et le génie de ses soldats, stratèges, empereurs barbares, que la société grecque résista aux invasions barbares. Les plus grands noms militaires de l’histoire byzantine ne sont pas des noms grecs.

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Mais il y a surtout deux races dont l’influence dans les provinces, dans les armées, à la cour, fut prépondérante. Toutes deux eurent l’honneur d’être représentées sur le trône : la race slave et la race arménienne.

Sur l’origine slave de la dynastie de Justin Ier, il ne semble pas y avoir de doutes. Les noms d’Istok, de Beglenica, d’Upravda, qui furent, avant l’élévation de cette famille à l’empire, ceux de Sabbatius, de Vigilantia et de leur fils Justinien, fournissent une preuve assez concluante sur l’origine de ces paysans de Bederiana ; n’oublions pas que des colonies slaves, dès le temps de Constantin le Grand, avaient été établies dans la Thrace.

L’Arménie, plus pauvre que les pays slaves, était plus fertile