Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/122

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aussi en aventuriers. De la Chaldée, de la Géorgie, de la Perse-Arménie, de l’Arménie propre, une nuée de soldats de fortune couraient à l’assaut des grades militaires des dignités auliques, de l’empire byzantin lui-même. La première dynastie arménienne fut fondée par Léon V. Après le meurtre du demi-Arménien Michel III, Basile fonda une dynastie tout arménienne qui dura près de deux siècles (867-1056). Il y a eu, au Xe siècle, trois interruptions seulement dans la succession légitime, trois tuteurs de Porphyrogénètes mineurs, trois envahisseurs de leurs trônes : Lecapène, Phocas, Zimiscès. Tous trois sont Arméniens.

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L’empire byzantin peut à peine s’appeler l’empire grec.

L’unité que lui refusait sa constitution ethnographique, il la chercha dans l’administration, dans la religion, dans la création d’une littérature qui lui fût propre.

A la fois langue administrative, langue d’église, langue littéraire, le grec avait un faux air de langue nationale.

Or, le centre administratif, le centre religieux, le centre littéraire de l’empire, c’est Constantinople.

Comme capitale, sa situation est unique. Voilà un empire coupé en deux parties presque égales : d’un côté, la péninsule illyrique et les provinces d’Europe ; de l’autre, la péninsule anatolique et les provinces d’Asie. Il y a dans cet empire un dualisme fatal. Dans ses provinces d’Occident, influence italienne, slave, germaine ; dans ses provinces d’Orient, influence arabe, arménienne. Supposez que Constantinople n’existe pas, qu’il n’y ait plus sur le Bosphore que la petite Byzance d’avant Sévère, chacune de ces deux moitiés de l’empire s’abandonnerait à sa tendance dominante : ici tout l’Orient, là tout l’Occident.

Mais à la rencontre des deux continents s’élève Constantinople. Elle n’appartient ni à l’Asie ni à l’Europe. Byzance sur la côte d’Europe, Scutari sur la côte d’Asie, c’est une seule et même ville. Ce n’est point une cité ordinaire, mais une immense capitale, supérieure en population à la vieille Rome, d’une force d’attraction énorme. Les provinces d’Asie ne peuvent plus se