Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/126

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vieilles légendes mythologiques n’ont point disparu des campagnes de la Grèce ; à chaque instant, dans les récits, dans les chansons, dans les usages de la vie populaire, revit le souvenir des divinités de l’Olympe. Quelques-unes se sont confondues avec les saints de la religion nouvelle ; mais sous cette physionomie d’emprunt se retrouvent leurs traits à demi effacés. Cette fidélité aux traditions doit trouver sa place dans les choses de l’art. Lorsque les artistes byzantins créèrent un style nouveau, leur esprit était plein des souvenirs du passé, ils vivaient au milieu de ses œuvres. Pouvaient-ils se soustraire à l’influence de modèles d’une si pénétrante beauté ? Étaient-ils incapables d’en goûter le charme ? Les monuments prouvent, au contraire, qu’ils surent les comprendre et qu’ils restèrent attachés à quelques-uns des principes essentiels qui avaient dirigé la marche de l’art antique. Comme leurs prédécesseurs de la belle époque grecque, ils recherchèrent la grandeur et l’harmonie dans l’ordonnance des compositions, la noblesse des attitudes, la beauté de certains types, l’élégance des draperies. Sans doute il ne s’agit point ici d’établir de comparaison ; et si, par quelques qualités, les œuvres byzantines font songer aux monuments antiques, elles s’en écartent par bien des défauts. Les artistes byzantins exagèrent la symétrie de leurs compositions, ils ont moins de souplesse et de délicatesse, une conception moins facile et moins vivante du beau ; n’importe, ils ont encore appliqué quelques-unes des règles principales de l’esthétique ancienne, et cela seul suffit pour donner à leurs productions une valeur singulière.

Mais à ces éléments d’origine grecque se sont mêlées d’autres influences, dont quelques-unes venaient de l’extrême Orient. Parmi ses possessions les plus belles, l’empire d’Orient comptait alors les riches provinces de la Syrie, qui formaient comme une zone intermédiaire entre l’Asie centrale et la Grèce. Par sa position même, Constantinople se rattachait à ces pays ; une grande partie de sa population en était originaire ; les mœurs, les arts devaient s’en ressentir. En outre, elle était sans cesse en relations commerciales ou politiques avec les plus puissantes monarchies de l’Orient, et surtout avec la Perse. Dans l’architecture,