Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/177

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être perdus. A la mort du héros, le flot de l’anarchie et de la barbarie se remit à battre avec autant de violence contre les choses du passé, mais sans pouvoir désormais les submerger en entier. C’est justement parce que l’on sentait que personne autre que Charles n’eût pu triompher à ce point des calamités présentes par la formation et l’établissement d’un gigantesque système de gouvernement, que l’excitation, la joie, l’espérance réveillées par son couronnement furent si profondes. On en trouvera peut-être la meilleure preuve, non dans les annales mêmes de ce temps, mais dans les lamentations déchirantes qui éclatèrent au moment où l’empire, vers la fin du IXe siècle, commença à se dissoudre ; dans les merveilleuses légendes qui se groupèrent autour du nom de l’empereur Charlemagne, du preux dont aucun exploit ne parut incroyable[1] ; dans l’admiration religieuse avec laquelle ses successeurs germains contemplèrent et s’efforcèrent d’imiter complètement ce modèle presque surhumain.

  1. Dès avant la fin du Xe siècle, nous voyons le moine Benoît de Soracte attribuer à Charles une expédition en Palestine et d’autres exploits merveilleux. Le poème qui porte le nom de l’archevêque Turpin est bien connu. Les meilleures