Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/179

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contemporains ou presque contemporains, de deux Germains et d’un Italien. On lit dans les annales de Lorsch :

« Et à cause que le nom d’empereur n’était plus employé par les Grecs et que leur empire était possédé par une femme, il sembla alors mêmement au pape Léon et à tous les saints pères qui assistaient au présent concile, de même qu’au reste du peuple chrétien, qu’ils devaient prendre pour empereur Charles, le roi des Franks, qui tenait Rome elle-même, où les Césars avaient toujours accoutumé de demeurer, et toutes les autres régions qu’il gouvernait en Italie, en Gaule et en Germanie ; et d’autant que Dieu lui avait remis toutes ces terres entre les mains, il semblait juste qu’avec l’aide de Dieu et à la prière de tout le peuple chrétien il eût aussi le nom d’empereur. Auquel désir le roi Charles n’eut pas la volonté de se refuser ; mais se soumettant en toute humilité à Dieu et à la prière des prêtres et de tout le peuple chrétien, le jour de la nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, il prit le nom d’empereur, étant consacré par le seigneur pape Léon. »

Le récit de la chronique de Moissac (an 801) est, à fort peu de chose près, le même :

« Or, comme le roi, le très saint jour de la naissance du Seigneur, se levait pour entendre la messe, après s’être mis à genoux devant la châsse du bienheureux apôtre Pierre, le pape Léon, avec le consentement de tous les évêques et des prêtres, du sénat des Franks et semblablement de celui des Romains, posa une couronne d’or sur sa tête, le peuple romain poussant aussi de grands cris. Et lorsque le peuple eut fini de chanter Laudes, il fut adoré par le pape selon la coutume des empereurs d’autrefois. Car cela aussi se fit par la volonté de Dieu. Car, tandis que ledit empereur demeurait à Rome, on lui amena diverses personnes qui disaient que le nom d’empereur avait cessé d’être en usage chez les Grecs, et que l’empire, chez eux, était occupé par une femme appelée Irène, qui s’était emparée par tromperie de son fils l’empereur, lui avait arraché les yeux et avait pris l’empire pour elle-même, comme il est écrit d’Athalie dans le Livre des Rois ; ce qu’entendant, le pape Léon et toute l’assemblée des évêques, des prêtres et des