Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tuait pas un état de choses nouveau et qu’ils représentaient simplement, après les Carolingiens, un système politique dont l’origine remontait aux premiers temps de la monarchie franque. Sacrés par l’Église, ils ne cessèrent de se considérer comme les héritiers légitimes des deux dynasties qui avaient précédé la leur. L’opinion générale, en somme, n’était point contraire à cette manière de voir, malgré la lenteur que mirent quelques provinces du Midi à les reconnaître et les rancunes de certains princes féodaux. L’affirmation de quelques chroniqueurs très postérieurs à l’avènement de Hugues Capet, suivant laquelle ce roi, doutant lui-même de son droit, se serait abstenu de porter la couronne, est absolument inacceptable. Ce fait est inconciliable avec ce que nous apprennent les monuments contemporains authentiques et notamment les diplômes royaux. On y voit Hugue Capet et ses successeurs rappeler, à chaque instant, le souvenir de leurs prédécesseurs carolingiens et mérovingiens, se proclamer les continuateurs de leur politique et les exécuteurs de leurs capitulaires et de leurs décrets. Le premier Capétien est naturellement le plus attentif à constater les liens qui unissent son gouvernement à ceux qui l’ont précédé ; mais ses descendants n’y manquent pas non plus. La diplomatique royale du XIe siècle présente, pour l’expression de ce fait, les formules les plus précises et les plus variées : « Suivant la coutume de nos prédécesseurs », dit Hugue Capet dans un diplôme de 987 pour l’abbaye de Saint-Vincent de Laon ; et dans un diplôme de Henri Ier pour l’abbaye de Saint-Thierri de Reims, on lit : « Regum et imperatorum quibus cum officio tum dignitate successimus… »

A. LUCHAIRE, Histoire des institutions monarchiques de la France sous les premiers Capétiens, t. Ier, Paris. A. Picard, 1891, 2e éd. Passim.