Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/218

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villages.

Mais on peut distinguer au moins deux espèces de fiefs : à l’origine le fief semble être le bénéfice devenu héréditaire ; plus tard c’est une concession à titre onéreux. On donna en fief des terres, des droits utiles, pour assurer la culture des unes, la perception des autres ; ce fut tout un système d’administration. C’est ainsi qu’il y avait en Rouergue un fevum sirventale ; le vassal est le serviens, le sergent du suzerain, il perçoit ses revenus et veille sur ses intérêts. Nous voyons encore concéder à titre de fiefs des droits de péage, des salles basses dans un château, des églises, des revenus ecclésiastiques. Dès le milieu du XIe siècle, on devient feudataire en recevant du suzerain une somme d’argent : l’archevêque Guifred de Narbonne fit du vicomte de Béziers son vassal en lui donnant en fief héréditaire une certaine somme en deniers ou en denrées.

La possession d’un fief, quel qu’il fût, imposait au feudataire des devoirs, dont les principaux étaient la prestation de l’hommage et du serment de fidélité, et le service militaire.

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I. — On appelle hommage la reconnaissance due par le vassal à son seigneur ; c’est la même chose que l’ancienne recommandation ; le vassal s’avoue l’homme de son suzerain pour raison de tel ou tel fief, de tel ou tel domaine. La forme de l’hommage est, à l’origine, celle de l’ancienne recommandation ; le vassal fléchit le genou, met ses mains dans celles du suzerain ; ils échangent le baiser de paix.

Les plus anciens actes d’hommage sont rédigés en un langage barbare, mélange de formes latines et de formes vulgaires (Xe, XIe siècle). Plus tard, dans les pays de Toulouse et de Carcassonne, la langue latine l’emporta ; dès le commencement du XIIe siècle, les hommages prêtés au vicomte Bernard Aton de Carcassonne sont en latin. Dans le Languedoc oriental, au contraire, ce fut le provençal qui triompha, et, jusqu’au commencement du XIIIe siècle, les hommages rendus au seigneur de Montpellier furent rédigés en langue vulgaire, sauf la date et les noms des témoins qui furent écrits en latin.