Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/237

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Lothaire, lors de son couronnement, avait, de plus, formellement renoncé à sa souveraineté en prêtant hommage entre les mains du pontife et en recevant de lui la couronne comme son vassal. Les papes sentaient alors que leur dignité et leur influence ne pouvaient que perdre, s’ils admettaient même en apparence dans le lieu de leur résidence la juridiction d’un souverain civil, et, quoiqu’il leur fût impossible d’y affermir leur propre autorité, ils réussirent du moins à en exclure toute autre que la leur. C’est pour cela qu’ils étaient si mal à l’aise toutes les fois qu’un empereur venait leur demander de le couronner, qu’ils lui suscitaient toute espèce de difficultés et s’efforçaient de s’en débarrasser le plus tôt possible. Il faut dire ici quelque chose du programme de ces visites impériales à Rome, et des traces que les Allemands y ont laissées de leur présence, en se rappelant toujours qu’à partir de Frédéric II, être couronné dans sa capitale fut pour un empereur l’exception au lieu d’être la règle.

Le voyageur qui entre à Rome aujourd’hui, s’il arrive, comme c’est l’ordinaire, par la voie de Civita-Vecchia, y est introduit par le chemin de fer avant qu’il s’en soit douté ; il se jette dans une voiture à la gare et est déposé à la porte de son hôtel, au milieu de la ville moderne, sans avoir absolument rien vu. S’il arrive en voiture de la Toscane, en suivant la route déserte qui passe près de Véies et franchit le pont Milvius, il jouit, il est vrai, du haut des pentes de la chaîne ciminienne, de la splendide perspective de la Campagne, semblable à une mer entourée de collines étincelantes ; mais de la cité, il n’aperçoit aucun indice, sauf le dôme de Saint-Pierre, jusqu’à ce qu’il soit dans ses murs. Il en était tout autrement au moyen âge. Alors les voyageurs, quelle que fût leur condition, depuis l’humble pèlerin jusqu’à l’archevêque de promotion récente qui venait, accompagné d’une suite pompeuse, recevoir des mains du pape le pallium sacramentel, s’en approchaient du côté du nord ou du nord-est ; suivant un passage tracé dans le sol montueux de la rive toscane du Tibre, ils faisaient halte sur le sommet du Monte Mario[1] — le mont de

  1. >Les Allemands appelaient cette colline, la plus haute de celles qui entourent Rome ou qu’elle enferme, et que fait remarquer le beau groupe de pins pignons qui en décore la cime, Mons Gaudii. L’origine du nom italien