Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/242

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plus avant dans la cité, et ne fut, à aucune époque de son règne, capable de s’en rendre entièrement maître. Pareillement déçus, ses successeurs acceptèrent enfin leur défaite et se contentèrent de recevoir leur couronne aux conditions qu’y mirent les papes, et de repartir sans insister.

Y venant rarement et y faisant un séjour de si courte durée, il n’est pas surprenant que les empereurs teutons dans les sept siècles qui vont de Charlemagne à Charles-Quint, aient laissé à Rome des traces moins nombreuses de leur présence que Titus ou qu’Hadrien seulement ; moins nombreuses même et moins considérables que celles qui sont attribuées par la tradition à ceux qu’elle appelle Servius Tullius et Tarquin l’Ancien. Les monuments qui subsistent ont surtout pour effet de rendre plus sensible l’absence de tous les autres. Le plus important date du temps d’Otton III, le seul empereur qui tenta de fixer à Rome sa résidence permanente. Du palais, qui ne fut probablement guère qu’une simple tour construite par lui sur l’Aventin, on n’a découvert aucun vestige ; mais l’église qu’il fonda pour y déposer les cendres de son ami, le martyr saint Adalbert, est encore debout sur l’île du Tibre. Ayant reçu de Bénévent des reliques qu’on supposa être celles de l’apôtre Barthélemy[1], elle fut dédiée à ce saint, et est à présent l’église de San Bartolommeo in Isola, dont le curieux et pittoresque beffroi de briques rouges, devenues grises par l’effet du temps, se dresse au milieu des orangers d’un jardin de couvent, d’où il domine les eaux jaunes et tourbillonnantes du Tibre.

Otton II, fils d’Otton le Grand, mourut à Rome et fut inhumé dans la crypte de Saint-Pierre ; il est le seul empereur qui ait trouvé un lieu de repos parmi les tombeaux des papes. Sa tombe n’est pas loin de celle de son neveu, Grégoire V : elle est très simple et d’un marbre grossièrement sculpté. Le couvercle du superbe sarcophage de porphyre où il reposa quelque temps sert actuellement de fonts baptismaux à Saint-Pierre ; on peut le voir dans la chapelle où se font les baptêmes, à gauche en entrant dans l’église, non loin des tombeaux des Stuarts. Ce sont là toutes

  1. Il paraîtrait qu’Otton a été trompé et que ce furent, en réalité, les ossements de saint Paulin de Nole.