Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/252

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quitta de cette tâche avec tant de succès que son œuvre, à peine modifiée par saint Grégoire le Grand, était encore d’un usage courant quatre siècles plus tard.

Mais durant les épreuves qu’eurent à subir au Xe et au XIe siècle la ville de Rome et la papauté, il se creusa un véritable abîme entre les temps anciens et les temps nouveaux. Les vieilles archives, les vieux titres de l’Église romaine disparurent dans la tourmente, et lorsque Grégoire VII entreprit de réorganiser toute chose, il eut grand’peine à rassembler les débris qui avaient échappé au naufrage.

C’est de ce moment que date à Rome le double mouvement qui pousse d’une part à recueillir et à coordonner des titres domaniaux, c’est-à-dire à former des cartulaires, et, d’autre part, à établir de nouveaux polyptyques, c’est-à-dire de nouveaux états de revenus. De là différents essais auxquels le camérier Cencius, l’officier chargé des temporalités de l’Église, donna en 1192 leur forme définitive.

L’œuvre de Cencius se compose de deux parties :

1º D’un registre où sont inscrits, province par province, les noms des débiteurs de l’Église romaine et la quotité de leurs redevances ;

2º D’un cartulaire qui contient les titres constitutifs de la propriété et de la suzeraineté du Saint-Siège (donations, testaments, contrats d’achat ou d’échange, serments d’hommage, etc.).

De ces deux parties la première constitue ce qu’on peut appeler proprement le Liber censuum de l’Église romaine.

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Un livre censier, ou, comme dit Brussel, un livre terrier, « est un registre de la recette faite pour un an de tous les cens et rentes appartenant à une seigneurie ».

La liste des divers cens et rentes que percevait le pape à la fin du XIIe siècle, en sa qualité de seigneur, voilà ce qui constitue le Liber censuum de Cencius.

Au sein du monde féodal, le Saint-Siège devait nécessairement prendre l’apparence extérieure qui s’imposait alors à tous