Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/288

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Akrad. Ce nom paraît assez identique à celui de l’appellation franque, qui pourrait bien n’être qu’une corruption du mot arabe Akrad, Kurde[1].

Le comte de Saint-Gilles, en 1102, après s’être emparé de Tortose, entreprit le siège du château des Kurdes, mais il l’abandonna, et nous ne savons pas à quelle époque les Francs occupèrent cette position. Un passage d’Ibn-Ferrat donne à penser cependant que ce fut vers l’année 1125. Depuis lors, le Krak paraît avoir été un simple fief dont le nom était porté par ses possesseurs jusqu’à l’année 1145, date à laquelle Raymond, comte de Tripoli, le concéda aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.

Qu’était le château à cette époque ? C’est une question à laquelle il est impossible de répondre ; nous savons seulement que cette forteresse eut beaucoup à souffrir de divers tremblements de terre, particulièrement en 1157, 1169 et 1202. Il est donc à présumer que ce fut à la suite de celui de 1202 que le Qala’at-el-Hosn dut être reconstruit à peu près entièrement et tel que nous le voyons aujourd’hui.

Après sa cession aux Hospitaliers, le gouvernement du Krak fut confié à des châtelains de l’Ordre. Le fameux Hugues de Revel en était châtelain en 1243. Nous savons que la garnison ordinaire de la forteresse était de 2000 combattants.

Le relief de la montagne sur laquelle s’élève le Krak des Chevaliers est d’environ 300 mètres au-dessus du fond des vallées qui, de trois côtés, l’isolant des montagnes voisines, en font une espèce de promontoire. — La forteresse a deux enceintes que sépare un large fossé en partie rempli d’eau. La seconde forme réduit et domine la première, dont elle commande tous les ouvrages ; elle renferme les dépendances du

  1. L’auteur se sert, dans la description qui suit, de quelques termes techniques d’architecture : échauguettes, hourdage, merlons, potelets, doubleaux, mâchicoulis, etc. On en trouvera l’explication dans les ouvrages élémentaires d’archéologie médiévale (v. ci-dessous la Bibliographie du chapitre XIV), notamment dans le Dictionnaire de Viollet-le-Duc. — La description est du reste facile à suivre sur les figures et le plan que nous donnons, d’après M. Rey, pp. 265, 269 et 273.