Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/287

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cation la vallée de l’Oronte avec le bassin de la Méditerranée, se dresse le Qala’at-el-Hosn.

Tel est le nom moderne de la forteresse que nous trouvons désignée par les chroniqueurs des croisades sous celui de Krak ou Crat des Chevaliers.

Position militaire de premier ordre qui commande le défilé par lequel passent les routes de Homs et de Hamah à Tripoli et à Tortose, cette place était encore merveilleusement située pour servir de base d’opérations à une armée agissant contre les États des soudans de Hamah.

Le Krak formait, en même temps, avec les châteaux d’Akkar, d’Arcas, du Sarc, de la Colée, de Chastel-Blanc, d’Areymeh, de Yammour (Chastel-Rouge), Tortose et Markab, ainsi qu’avec les tours et les postes secondaires reliant entre elles ces diverses places, une ligne de défense destinée à protéger le comté de Tripoli contre les incursions des musulmans, restés maîtres de la plus grande partie de la Syrie orientale.

Du haut de ses murs, la vue embrasse, vers l’est, le lac de Homs et une partie du cours de l’Oronte. Au delà se déroulent, au loin, les immenses plaines du désert de Palmyre. Vers le nord, les montagnes des Ansariés arrêtent le regard, qui, vers l’ouest, s’étend par la vallée Sabbatique, aujourd’hui Nahar-es-Sabte, sur la riche et fertile vallée où furent les villes phéniciennes de Symira, de Carné, d’Amrit, et découvre à l’horizon les flots étincelants de la Méditerranée. Au sud, les deux chaînes du Liban et de l’Anti-Liban esquissent leurs grands sommets aux fronts couverts de neiges. Plus près, à l’est, comme un tapis de verdure, s’étend, au pied du château, la plaine de la Boukeiah-el-Hosn, la Bochée des chroniqueurs, théâtre d’un combat célèbre.

Les divers auteurs, tant chrétiens qu’arabes, qui ont écrit l’histoire des croisades, parlent fréquemment de ce château, nommé par les premiers le Krak[1] et par les seconds Hosn-el--

  1. En Syrie, plusieurs forteresses portent le nom de Krak ou Karak ; ce sont le Krak des Chevaliers, le Krak de Montréal et le Krak ou Petra deserti ; ce nom est encore porté par plusieurs villages bâtis sur des tertres.