Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/29

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régions ; les Grecs l’adoptèrent eux-mêmes par la suite (Βλἁχοι). L’un et l’autre nom, le premier dans la bouche des étrangers, le second dans celle des Romani, désignent jusqu’à nos jours les descendants singulièrement disséminés des anciennes populations romanisées de ces provinces. On sait qu’ils ont aussi gardé leur langue, et que, tout altérée et imprégnée d’éléments étrangers qu’elle est, elle mérite sa place parmi les dialectes modernes où vit encore la langue latine.

Le nom de Romani, on le comprend, n’a pas désigné les habitants de l’empire qui parlaient latin uniquement par opposition aux barbares germains. Ils l’ont aussi employé pour se distinguer de leurs autres voisins : seulement l’appellation correspondante de Walahen fait ici naturellement défaut. En Afrique, par exemple, les Romani que nous trouvons appelés de ce nom à l’approche des Vandales, se nommaient ainsi antérieurement par opposition aux indigènes restés étrangers à la domination ou à la langue romaine. — De même quand l’Armorique se trouva occupée par des tribus parlant celtique, les nouveaux venus, continuant sans doute l’usage qu’ils avaient déjà dans la Grande-Bretagne, appelèrent Romani leurs voisins, habitants des provinces gauloises romanisées.

Il résulte de tout ce qui vient d’être dit que les habitants de l’empire romain, quelle qu’eût été leur nationalité primitive, se désignaient, particulièrement par opposition aux étrangers et surtout aux Allemands, par le nom de Romani. Ce nom leur resta dans les différents pays où les envahisseurs s’établirent, tant qu’il subsista une distinction entre les conquérants et les vaincus. En Occident, il disparut généralement vers le IXe siècle pour faire place aux noms des nationalités diverses sorties de la dislocation de l’empire par les tribus germaniques ; il se maintint toutefois plus longtemps, et subsiste encore au moins par son dérivé dans le petit pays de Coire. — En Orient, il continua à désigner les habitants romanisés des provinces du sud du Danube qui ne se fondirent pas parmi les populations illyriennes, grecques, germaniques, slaves ou mongoles, et il les désigne encore jusqu’à ce jour. — Le mot Romanus se traduisait en allemand par Walah, mais jamais les Romani n’ont