Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/295

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des tremblements de terre, et, en cas de siège, d’arrêter les travaux des mineurs. — Vers l’extrémité nord-est de l’enceinte est placé l’ouvrage P, tour barlongue, tout à fait analogue à celles qui se voient, en France, au palais des Papes et dans les murailles d’Avignon. Malheureusement la salle intérieure de cet ouvrage, qui se trouve au niveau du chemin de ronde des remparts, a été transformée en habitation par une famille d’Ansariés et tellement obstruée par des cloisons en pisé qu’il est impossible de reconnaître les dispositions primitives.

Au-dessous de ce vaste ensemble de la seconde enceinte se trouvent de profondes citernes qui servent encore aujourd’hui aux habitants de la forteresse. Les anciens orifices ayant disparu sous les décombres, les Arabes en tirent l’eau par un trou percé dans la voûte, non loin de la grand’salle.

…Cette place formidable, le Krak des Chevaliers, qui avait résisté au frère de Saladin, d’où les Hospitaliers avaient dominé pendant plus d’un siècle la sultanie de Hamah, tomba en 1271 entre les mains du sultan d’Égypte. Voici la relation de sa capture, telle qu’elle est dans Ibn-Ferrat :

« Le sultan arriva devant Hosn-el-Akrad ; le 20, les faubourgs du château furent pris, et le Soudan de Hamah, Melik-el-Mansour, arriva avec son armée. Le sultan alla à sa rencontre, mit pied à terre et marcha sous ses étendards. L’émir Seïf-Eddin, prince de Sahyoun, et Nedjem-Eddin, chef des Ismaéliens, vinrent aussi les rejoindre. Dans les derniers jours de redjeb, les machines furent dressées. Le 7 de chaaban, le bachourieh (ouvrage avancé) fut pris de vive force. On fit une place pour le sultan, de laquelle il lançait des flèches. Il distribua de l’argent et des robes d’honneur. Le 16 de chaaban, une des tours fut rompue, les musulmans firent une attaque, montèrent au château et s’en emparèrent. Les Francs se retirèrent sur le sommet de la colline ou du château ; d’autres Francs et des chrétiens furent amenés en présence du sultan, qui les mit en liberté par amour pour son fils. On amena les machines dans la forteresse et on les dressa contre la colline. En même temps, le sultan écrivit une lettre supposée au nom du commandant des Francs à Tripoli, adressée à ceux qui étaient dans le château et par laquelle il leur ordonnait de le