Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/325

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titude du gouvernement royal cessa d’être contradictoire. A la politique de protection ou de demi-hostilité succéda une politique constante d’assujettissement et d’exploitation, qui fut la même sous des princes par ailleurs aussi dissemblables que saint Louis et Philippe le Bel. Depuis le XIIIe siècle, l’innombrable armée des agents de la couronne ne cesse d’être en mouvement pour détruire les juridictions rivales, supprimer les puissances gênantes, remplacer partout les dominations particulières par le pouvoir unique du souverain. A l’infinie diversité des libertés locales, elle veut substituer la régularité des institutions, la centralisation dans l’ordre politique et administratif. De ce mouvement fatal, irrésistible, les communes ont été victimes aussi bien que la féodalité. Seigneuries indépendantes, elles ne pouvaient que porter ombrage au gouvernement central. La logique impitoyable des gens du roi exigea leur disparition en tant que puissances politiques ; on s’efforça de les faire rentrer dans le droit commun, c’est-à-dire dans la grande classe des bourgeoisies assujetties. La mainmise du pouvoir royal sur les communes, leur suppression, ou leur transformation en villes d’obédience, tel est le fait capital qui caractérise la plus grande partie du XIIIe siècle et le début du XIVe. A l’avènement de Philippe de Valois, certaines communes subsisteront de nom et d’apparence ; elles jouiront encore d’un semblant d’institutions libres : en réalité, la liberté aura disparu. Sauf leur étiquette trompeuse, elles sont devenues, comme toutes les autres, « les bonnes villes du roi » et ne s’appartiennent plus.

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La commune a été une institution assez éphémère. En tant que seigneurie réellement indépendante, elle n’a guère duré plus de deux siècles. Les excès des communiers, leur mauvaise administration financière, leurs divisions, l’hostilité de l’Église, la protection onéreuse du haut suzerain et surtout du roi : telles ont été les causes immédiates de cette décadence rapide….

Il est difficile d’affirmer que le régime communal ne pouvait s’adapter aux institutions générales de la France ; comment le savoir, en effet, puisque la centralisation monarchique ne lui a