Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/342

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monter à cheval. Les excès de table contribuèrent peut-être, autant que les chaleurs torrides de l’été de 1137, à provoquer la dysenterie qui l’emporta.

Il ne voulut se marier qu’à trente-cinq ans. Encore fallut-il que ses amis lui adressassent, pour l’amener à changer de vie et à s’engager dans des liens réguliers, les objurgations les plus pressantes. L’autorité du grave Ives de Chartres ne fut pas de trop pour le décider[1]. Tout en le félicitant d’avoir fixé son choix sur Adélaïde de Maurienne, le prélat l’invite, avec une certaine insistance, à mettre son projet à exécution. « Gardez-vous bien, lui dit-il, de différer encore le moment de nouer le lien conjugal, pour que vos ennemis ne continuent pas de rire d’un dessein si souvent conçu et si souvent abandonné. Hâtez-vous ! qu’il naisse bientôt, celui qui doit rendre vaines les espérances des ambitieux et fixer sur une seule tête l’affection changeante de vos sujets. » Louis donna pleine satisfaction à ce sage conseiller. La reine Adélaïde le rendit en peu de temps père de six fils et d’une fille. L’avenir de la dynastie était assuré.

Louis le Gros aimait l’argent et subordonna trop souvent les intérêts de sa politique au désir de s’en procurer. Son avidité lui fit commettre, en 1106, alors qu’il n’était que roi désigné, une lourde faute politique qu’il dut regretter bien amèrement par la suite. Gagné par l’or du roi anglais, Henri Beauclerc, il le laissa réunir tranquillement le duché de Normandie à son royaume ; grave imprévoyance contre laquelle Philippe Ier, mieux avisé, essaya vainement de le mettre en garde. Plus d’une fois, sous son règne, on vit l’action de la justice royale suspendue, les coupables ayant trouvé le moyen de corrompre les palatins et le souverain lui-même. Mais rien n’égale le cynisme avec lequel, dans l’affaire de la charte communale de Laon, Louis le Gros, également sollicité par la commune et par l’évêque, vendit au dernier enchérisseur l’appui de l’autorité royale. Cette âpreté au

  1. Adélaïde de Maurienne était d’ailleurs fort laide, si l’on en croit le chroniqueur Gilbert de Mons. Le comte de Hainaut, Baudouin III, qui s’était engagé avec elle, la refusa quand il l’eut vue et s’empressa de se marier ailleurs.