Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/364

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la construction de cette forteresse, la clé de la Normandie, place frontière capable d’arrêter longtemps l’exécution des projets ambitieux du roi français….

De Bonnières à Gaillon, la Seine descend presque en ligne droite vers le nord-nord-ouest. Près de Gaillon, elle se détourne brusquement vers le nord-est jusqu’aux Andelys, puis revient sur elle-même et forme une presqu’île dont la gorge n’a guère que 2600 mètres d’ouverture. Les Français, par le traité qui suivit la conférence d’Issoudun, possédaient sur la rive gauche Vernon, Gaillon, Pacy-sur-Eure ; sur la rive droite, Gisors, qui était une des places les plus fortes de cette partie de la France. Une armée dont les corps, réunis à Evreux, à Vernon et à Gisors, se seraient simultanément portés sur Rouen, le long de la Seine, en se faisant suivre d’une flottille, pouvait, en deux jours de marche, investir la capitale de la Normandie et s’approvisionner de toutes choses par la Seine. Planter une forteresse à cheval sur le fleuve, entre les deux places de Vernon et de Gisors, en face d’une presqu’île facile à garder, c’était intercepter la navigation du fleuve, couper les deux corps d’invasion…. La position était donc, dans des circonstances aussi défavorables que celle où se trouvait Richard, parfaitement choisie….

Voici comment le roi anglo-normand disposa l’ensemble des défenses de ce point stratégique (fig. 1). A l’extrémité de la presqu’île de Bernières, du côté de la rive droite, la Seine côtoie des escarpements de roches crayeuses fort élevées qui dominent toute la plaine d’alluvion. Sur un îlot B qui divise le fleuve, Richard éleva d’abord un fort octogone muni de tours, de fossés et de palissades ; un pont de bois passant à travers ce châtelet unit les deux rives. A l’extrémité de ce pont, en C, sur la rive droite, il bâtit une enceinte, large tête de pont qui fut bientôt remplie d’habitations et prit le nom de Petit-Andely. Un étang, formé par la retenue des eaux de deux ruisseaux en D, isola complètement cette tête de pont. Le grand Andely E, qui existait déjà avant ces travaux, fut également fortifié, enclos de fossés que l’on voit encore et qui sont remplis par les eaux des deux ruisseaux. Sur un promontoire élevé de plus de cent mètres au-dessus du niveau de la Seine, et qui ne se relie