Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/385

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entoure son homme, se redresse, tire l’épée, frappe, dégage le chevalier et rejoint son poste de repos, accablé de coups, mais invulnérable sous son armure.

Cependant, au centre, le roi de France est en grand péril. L’énorme masse des piétons flamands pénètre en coin à travers les milices françaises et s’approche de Philippe, que l’empereur s’apprête à charger. Alors, pendant que le roi, avec une partie des siens, tient tête aux communiers, Guillaume des Barres et d’autres chevaliers, traversant ou tournant l’infanterie flamande vont se placer derrière elle, face à Otton qui la suit. Étrange mêlée ! Philippe avait devant lui les fantassins flamands, au delà Guillaume des Barres, qui lui tournait le dos et chargeait Otton.

Le roi de France bouscule la piétaille pour rejoindre ses chevaliers, mais cette foule l’arrête. Avec ses lances, pointues comme une alène ou armées d’un crochet saillant, elle fait le siège de Philippe, — car un chevalier était une fortification qui marchait et combattait.

Le roi tenait bon, solide en selle, n’inclinant ni à droite ni à gauche, frappant, tuant, avançant toujours. Mais le crochet d’une pique a pénétré sous le menton et s’est pris dans les mailles du haubert. Philippe, pour l’arracher, tire, se penche en avant ; une poussée le fait tomber sous son cheval. Les piques et toutes les armes s’abaissent sur lui. « Ainsi, dit le chapelain qui sans doute ne chantait plus, le roi étendu sur une place indigne de lui, n’y pût même jouir du repos qu’on trouve à être couché. »

Heureusement l’étoffe de fer est très solide. Les pointes roturières ne trouvent pas le chemin de la vie du roi de France. L’escorte de Philippe fait un effort suprème ; Montigny agite la bannière. Tous appellent à la rescousse Guillaume des Barres par le cri : « Aux Barres ! aux Barres ! » Quand Guillaume des Barres « oï tex paroles », il laissa une partie de ses chevaliers devant Otton, se jeta sur les Flamands qu’il prit à revers, et arriva auprès du roi. Philippe s’était relevé « par la force qui lui était naturelle » ; il se remit en selle. Dès lors, ce fut un immense massacre de cette infanterie débandée. Jusqu’au soir, Philippe et ses chevaliers tuèrent et tuèrent ces vilains, qui