Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/390

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et de la simonie, tandis que ces abus n’existaient pas encore à cette date ; elle est fausse, car il y est dit que des diocèses sont misérablement appauvris par les levées d’argent faites au profit de la cour de Rome, alors que ces collectes étaient inconnues au XIIIe siècle ; elle est fausse, enfin, car elle suppose chez son auteur « une vigoureuse indépendance vis-à-vis du Saint-Siège qui répugne absolument au caractère de Louis IX ». — Nous savons que le caractère de Louis IX n’était nullement celui que des modernes, mal informés, lui ont prêté, d’après les hagiographes. Il est très facile de montrer que les autres arguments des adversaires de la Pragmatique sont aussi ruinés par les faits.

C’est, en effet, au XIIIe siècle que se posa clairement en Occident ce redoutable problème des droits du siège apostolique sur les biens des églises locales, qui était encore pendant sous Charles VII. — La propriété des biens ecclésiastiques, dont les églises locales avaient la jouissance, appartenait-elle au pape, à Dieu, à l’Église universelle, aux pauvres ? La théorie s’était formée à Rome que ces biens faisaient partie du patrimoine pontifical, et que le pape avait, par conséquent, le droit d’en disposer, d’en imposer les détenteurs. Au synode de Londres, en 1256, un collecteur pontifical déclara expressément que « toutes les églises sont au pape, Omnes ecclesiæ sunt domini papæ ». Par là se trouvaient lésés à la fois les clercs, menacés de charges pécuniaires, et les patrons laïques, les seigneurs, les rois, qui, de leur côté, se considéraient, à titre de représentants des anciens fondateurs des églises, comme autorisés à profiter de leurs richesses, en cas de nécessité, et qui ne pouvaient voir, en tout cas, avec plaisir, l’argent des clercs émigrer dans les coffres des Romains. Clercs, rois et seigneurs avaient laissé cependant s’introduire, depuis le temps d’Innocent III, sans en accepter, il est vrai, le principe juridique, la coutume des exactions pontificales : les papes taxèrent d’abord les églises, avec le consentement des princes et des prélats, pour les besoins de la Terre Sainte, de la Croisade, des Latins de Constantinople ; ils les taxèrent ensuite pour les besoins de leur lutte contre les Hohenstauffen et de leur politique en général. En France, le