Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/391

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clergé s’était d’abord prêté docilement à cette extension des droits du pape ; le cardinal de Palestrina, légat de Grégoire IX, lui avait extorqué de grosses sommes ; Innocent IV, dès son arrivée à Lyon, avait reçu des abbés de Cîteaux et de Cluny, d’Eudes Clément, abbé de Saint-Denis, et de l’archevêque de Rouen, des libéralités considérables. Le pape était dès lors si persuadé de ses droits de réquisition sur l’Église de France qu’en mai 1247 il avait écrit à l’archevêque de Narbonne, à l’abbé de Vendôme et sans doute à d’autres prélats, pour leur demander, non plus seulement de l’argent, mais des soldats, qui l’aidassent à repousser les agressions de l’empereur. Le clergé anglais, traité par Innocent IV de la même manière, protestait vivement. Un très précieux document, que Mathieu de Paris, en le transcrivant à la fin de sa Chronique, a préservé de la destruction, nous apprend ce que le gouvernement de Louis IX pensa de ces nouveautés.

[Illustration : Saint Louis, d’après une statuette en bois du musée de Cluny.]

Six mois après la publication du manifeste des barons de France contre le clergé, le 2 mai 1247, les évêques de Soissons et de Troyes, au nom des prélats, l’archidiacre de Tours et le prévôt de la cathédrale de Rouen, au nom des chapitres et du clergé inférieur, et le maréchal de France Ferri Pasté, au nom du roi, exposèrent à Innocent IV, en présence de sa cour, les griefs suivants : le Saint-Siège usurpait la juridiction des ordinaires ; il inondait le royaume d’Italiens qu’il pourvoyait, au détriment des nationaux, de pensions et de bénéfices ; ses demandes d’argent, les exactions de ses agents ruinaient les églises locales. La réponse du pape fut vague : il était prêt à révoquer en temps et lieu les abus commis, s’il y avait eu de la part de l’Église de récentes usurpations, ce que toutefois il ne croyait pas, mais il ne changerait rien aux droits dont il était en possession vel quasi. C’était le temps où Louis IX s’apprêtait à protéger la personne d’Innocent contre les entreprises de Frédéric II : on a conjecturé (car les archives du XIIIe siècle sont si mutilées que la chronologie des événements les plus importants est incertaine), on a conjecturé qu’il profita de cette circonstance, où le pape était son obligé, pour lui adresser des représentations sévères. Mécontent de la réponse faite à