Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/394

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lors de sa légation en France, a imposé des procurations pécuniaires à toutes les églises du royaume ; il faisait venir un à un les ecclésiastiques, et, après leur avoir arraché la promesse d’être discrets, il disait : « Je vous ordonne de payer telle somme à l’ordre du pape, dans tel délai, à tel endroit, et sachez que faute de cela, vous serez excommunié ». Le roi, qui en fut informé, le manda et lui fit promettre de renoncer à ces procédés…. Mais, depuis qu’Innocent est venu habiter Lyon, les abus ont recommencé[1]…. Alors que tous les membres du clergé français rivalisaient de zèle, comme c’était leur devoir, le pape a envoyé en France un nonce qui s’est mis à imiter en tout le cardinal de Préneste. Le roi s’est opposé à ces nouvelles exactions, puis il a engagé son clergé à se soumettre, par pure générosité, au subside pour l’Empire d’Orient et au dixième de Terre Sainte. Depuis lors les envoyés pontificaux sont revenus ; le pape a écrit au clergé de lui envoyer des troupes [pour l’aider contre l’Empereur][2]…. En ce moment même, les frères Mineurs font, pour leur compte, une nouvelle collecte : en Bourgogne, ils ont été jusqu’à convoquer les chapitres des cathédrales et les évêques eux-mêmes, et à leur enjoindre de verser, dans la quinzaine de Pâques, le septième de tous leurs revenus ecclésiastiques… ; ailleurs, c’est le cinquième qu’on exige…. Le roi ne peut tolérer que l’on dépouille ainsi les églises de son royaume, fondées par ses ancêtres… ; il entend, en effet, se réserver, pro sua et regni sui necessitate, leurs trésors, dont il est libre d’user comme de ses propres biens[3]. » — Voilà pour les

  1. Comparer un mémoire de Louis IX à ses envoyés près du Saint-Siège, au temps d’Alexandre IV : « Lorsque la prochaine promotion [de cardinaux] se fera, le roi supplie et requiert que l’on élève à cette dignité des hommes passionnés pour le service de Dieu et pour le salut des âmes, ennemis de la cupidité, qui avariciam detestentur. Ils doivent, en effet, donner à tous les prélats de l’Église le modèle de l’honneur et de la sainteté chrétienne. »
  2. Ici le mémoire ajoute durement : « D’abord les églises n’ont pas de troupes, et si elles en avaient, quels soldats ! D’ailleurs on ne sait même pas si l’Empereur viendra et, à supposer qu’il vint, il faudrait préférer aux conseils des hommes le conseil de Dieu, qui a dit : « S’ils vous persécutent dans une ville, réfugiez-vous dans une autre. »
  3. On s’étonne de voir déclarer incidemment par le représentant de Louis IX