Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/400

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eût à les craindre. Elles n’ont jamais causé d’embarras au gouvernement de Louis IX. C’est sous le règne de Louis IX, au contraire, que le pouvoir royal commença d’intervenir avec succès dans les affaires des communes. Vers 1256, une ordonnance royale imposa à toutes les villes de Normandie une constitution très analogue aux Établissements de Rouen : le maire serait choisi chaque année par le roi, sur une liste de trois candidats dressée par le maire sortant de charge et les prud’hommes du lieu ; les communes furent, en outre, obligées à soumettre, chaque année, en novembre, leurs comptes à des commissaires du roi ; elles furent invitées à ne passer aucun contrat, à ne consentir aucun don — sauf les « pots de vin » — sans l’autorisation royale. Une autre ordonnance, sans doute un peu postérieure, disposant pour toute la France, généralisa le régime nouveau de tutelle administrative et financière et d’uniformité : « Tous les maires de France » seront faits, chaque année, le même jour, le lendemain de la Saint-Simon et Saint-Jude ; à l’octave de la Saint-Martin, l’ancien maire et quatre prud’hommes de la ville (dont quelques-uns choisis parmi ceux qui auront eu le maniement des deniers communaux), viendront à Paris « pour rendre compte à nos gens de leurs recettes et de leurs dépenses ». On a conservé quelques-uns des comptes présentés aux gens du roi en exécution de ces règlements. Le rédacteur de l’Ordonnance se proposait certainement de prévenir les malversations, les dépenses somptuaires, les désordres qui avaient contribué à amener la ruine des villes libres, alors surchargées pour la plupart de dettes excessivement lourdes. Mais se rendait-il compte que les exigences des rois étaient aussi pour quelque chose dans la triste situation des finances communales ? Blanche de Castille avait souvent employé les milices des communes ; Louis IX s’en servit aussi ; les communes avaient pris l’habitude de prêter au roi, pour ses besoins, de l’argent que le gouvernement royal avait pris, de son côté, l’habitude de ne pas rendre. « Quand le roi alla outre-mer, disait le magistrat de la ville de Noyon, le 7 avril 1260, nous lui donnâmes 1500 livres, et, quand il fut outre-mer, la reine nous ayant fait entendre que le roi avait besoin de deniers, nous lui donnâmes