Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/414

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ajouta-t-il, qu’on vient de trouver une charte du roi Henri Ier grâce à laquelle, si vous le voulez, vous pouvez rétablir dans leur ancien état les libertés depuis longtemps perdues. » Puis, montrant cette charte, il la fit lire en séance publique, manœuvre habile et qui devait être décisive, car maintenant les ennemis du despotisme royal savaient ce qu’ils devaient demander. Ils apparaissaient comme les défenseurs des lois du royaume contre le roi lui-même.

Un an après, quand, vaincu et déshonoré dans sa campagne de France, Jean sans Terre fut revenu dans son royaume (19 octobre 1214), les comtes et les barons, assemblés à Saint-Edmundsbury, eurent de longs entretiens secrets. On leur exhiba de nouveau la charte de Henri I. Tous jurèrent sur l’autel principal « que, si le roi refusait de leur concéder les lois et libertés promises par cette charte à l’Église et aux grands, ils lui feraient la guerre et abjureraient leur fidélité ». Ils résolurent de présenter au roi une pétition collective en ce sens après Noël, et chacun se sépara, prêt à prendre les armes, s’il le fallait. Après Noël, en effet, ils vinrent à Londres en appareil militaire et ne se retirèrent que lorsque le roi leur eut fourni de bonnes cautions qu’il remplirait ses promesses. « Du jour où fut produite la charte de Henri I, dit un chroniqueur anonyme, tous les esprits furent gagnés à ses partisans ; c’était le mot et l’avis de tous qu’ils se dresseraient comme un mur pour la maison du Seigneur, pour la liberté de l’Église et du royaume. »

Le lundi après l’octave de Pâques (27 avril 1215) les barons s’assemblèrent en armes à Brackley ; ils apportaient une « cédule » ou pétition, « qui contenait la plupart des lois et coutumes antiques du royaume » et affirmaient « que, si le roi refusait de les ratifier, ils prendraient ses châteaux, ses terres et possessions, et l’obligeraient de force à leur donner satisfaction ». Après que cette cédule eut été lue au roi : « Et pourquoi, demanda-t-il, les barons ne me demandent-ils pas aussi ma couronne ? », sacrant et jurant « qu’à aucun prix il ne se mettrait dans leur servage ». A cette nouvelle, les barons mirent à leur tête Robert Fils-Gautier, qu’ils appelèrent « le maréchal de