Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/416

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tices commises sous le régime arbitraire de trois règnes et en empêcher le retour. Les stipulations furent donc d’autant plus précises que les griefs avaient été plus nombreux et plus évidents.

Toutes les classes qui comptaient alors dans la société avaient souffert de la politique angevine ; à toutes la Grande Charte offrit des réparations. Au clergé, elle promettait le maintien de ses privilèges et surtout la liberté des élections canoniques déjà décrétée par Jean sans Terre l’année précédente. Pour la noblesse, elle fixait le droit ou la procédure en matière de succession féodale, de garde-noble, de mariage, de dettes, de présentation aux bénéfices ecclésiastiques. D’autre part elle accordait la protection royale aux marchands circulant avec leurs marchandises, décrétait l’unité des poids et mesures, confirmait les privilèges des villes, des bourgs, des ports, de Londres en particulier. Enfin, elle garantissait la liberté individuelle en décidant que nul ne pourrait être arrêté ni détenu, lésé dans sa personne ni dans ses biens, sinon par le jugement de ses pairs et conformément à la loi ; elle promettait à tous une justice bonne et prompte, et en rendait moins onéreuse l’administration en réservant les « plaids communs » à une section permanente de la cour du roi, en réglant la tenue des assises, en adoucissant le système des amendes, si gros d’abus. En matière financière, elle interdisait aux seigneurs de lever aucune aide, sauf dans trois cas exceptionnels ; de même, l’aide royale ou écuage ne pouvait être exigée que dans ces trois cas, sinon le roi devait demander l’assentiment du « commun conseil du royaume », c’est-à-dire de l’assemblée composée par les archevêques, évêques et abbés et par les principaux chefs de la noblesse. En matière administrative, elle promettait le bon recrutement des fonctionnaires publics et amoindrissait leur importance ; elle assurait la libre navigation sur les rivières et interdisait l’extension des forêts royales. Ce dernier article dut être surtout bien accueilli des petits tenanciers ruraux si maltraités par la rigueur des pratiques forestières depuis le Conquérant. C’était donc la nation entière, et non telle ou telle classe privilégiée, qui prenait ses garanties contre la royauté ; mais