Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/420

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nouveaux collègues, avec la fierté, la hardiesse, la fermeté d’une ancienne classe militaire qui a de longues traditions de commandement et de discipline, l’avantage d’une communication naturelle et d’une facile entente avec le haut baronnage dont ils se sont écartés plutôt que détachés. Barons et chevaliers resteront longtemps encore comme la branche aînée et la branche cadette d’une même famille.

De bonne heure, toutefois, une divergence tend à se produire entre les habitudes et les goûts des deux baronnages. Les petits vassaux sont naturellement moins assidus que les grands barons aux assemblées publiques, moins empressés à suivre le roi dans ses expéditions. L’exploitation de leurs terres leur demande des soins plus personnels. Leur absence, en ces temps de violence et de spoliation, expose leurs droits de possession à des périls qui ne menacent pas les personnages puissants. Aussi font-ils tous leurs efforts pour se dérober. Comme il est naturel, le roi est moins attentif à exiger la présence de cette multitude à ses conseils. La convocation des petits vassaux directs tombe donc rapidement en désuétude. Pendant plus d’un siècle après la conquête, l’avis et l’acquiescement de cette classe ne sont jamais mentionnés en tête des ordonnances royales. Les grands vassaux, les évêques et les juges y figurent seuls ; ils y figurent avec une constance qui atteste leur assiduité. Sous les rois normands et angevins, on aperçoit d’abord autour du trône un corps formé des grands officiers du Palais, chefs de l’administration générale, et d’un certain nombre de prélats et de barons que le roi estime particulièrement capables et de bon jugement. C’est le conseil du roi. A ce groupe permanent s’adjoignent dans les circonstances importantes — guerre à déclarer, subsides extraordinaires à fournir, édits à promulguer, — le reste des grands vassaux laïques et ecclésiastiques. Ils forment alors le magnum concilium, le grand conseil. Le roi tient la main à ce qu’ils y assistent, car leur consentement — qu’ils ne peuvent refuser à une volonté si puissante — décourage toute résistance locale à l’exécution des mesures, et eux-mêmes sentent qu’ils ont intérêt à être présents pour discuter et faire réduire les charges dont ils sont menacés.