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III. — LES ÉLÉMENTS ET LA FORMATION DU PARLEMENT D’ANGLETERRE.


Presque immédiatement après la conquête de Guillaume le Bâtard, le baronnage normand établi en Angleterre apparaît divisé en deux portions et pour ainsi dire en deux étages : les hauts barons, barones majores, et les petits vassaux immédiats de la couronne, tenentes in capite, que l’on appelle aussi parfois barones minores. Ceux-ci forment une classe nombreuse, indépendante et fière. Remarquez bien qu’ils sont en dehors de la mouvance et de la juridiction du haut baronnage. S’ils ne sont pas les égaux des barons, ils ne sont pas leurs subordonnés, ils ne leur doivent aucun service, ils ne relèvent que du roi. Les seules différences qui se marquent d’assez bonne heure entre les deux catégories sont que les barones majores ont des domaines notablement plus étendus (la tenure baronniale doit contenir 13-1/2 fiefs de chevalier) et qu’ils sont convoqués individuellement à l’armée et au conseil du roi, au lieu que les petits tenants sont cités en masse par l’intermédiaire du shérif. Ce sont des différences de degré, non de genre. Ces deux moitiés du baronnage ne tarderont pas à se modifier ; l’intervalle s’élargira sensiblement entre elles. Toutefois, même après que la première sera seule depuis plus d’un siècle en possession de conseiller le souverain, tandis que la seconde, confondue d’abord avec les vassaux des barons dans la classe des chevaliers, sera en voie de se mélanger avec toute la masse des propriétaires libres, l’unité originelle de la classe baronniale ne s’effacera pas complètement. Quand les chevaliers seront appelés au Parlement, leur premier mouvement sera de se joindre aux barons ; le premier mouvement des barons sera de les accueillir, et lorsqu’un peu plus tard les deux groupes se sépareront et que les chevaliers s’en iront siéger avec les représentants des villes, ils apporteront à leurs