Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/424

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leurs égaux par la fortune. Il n’y avait pas abaissement par la raison que, pendant la même période, la richesse générale, et, partout, le produit des terres, avaient sensiblement augmenté, en sorte que le revenu d’une moitié ou d’un tiers ne devait pas être inférieur au revenu entier d’autrefois. Mais il y avait nivellement entre les deux classes. Plus d’un haut baron dont le fief s’était dispersé en dots ou en autres libéralités fut entraîné dans le mouvement. La diminution du nombre des baronnies après le règne de Henri III est un fait incontestable.

Il se trouvait d’ailleurs que pendant le même temps, le genre de vie et les habitudes des deux classes avaient cessé d’être très différents. Les chevaliers, par les mêmes raisons qui les décourageaient de se rendre au conseil du roi, manifestèrent de bonne heure une très vive répugnance pour la guerre. Les possessions les plus menacées de la couronne étaient en France. Il fallait presque toujours quitter le sol anglais, traverser la mer et s’en aller au loin sur le continent. De bonne heure, les chevaliers se montrent préoccupés d’échapper à cette obligation. Lorsque le roi Henri II leur offre de les exempter moyennant une taxe d’exonération, ils acceptent avec empressement. C’est l’impôt qu’on a appelé scutagium, escuage. A ce prix, les chevaliers restaient dans leurs foyers. Mais cette taxe de rachat laissait subsister toutes les autres charges de la tenure militaire, notamment ces lourds et scandaleux droits de mariage et de garde qui n’existaient sous cette forme et avec cette rigueur qu’en Angleterre et en Normandie. Aussi essaye-t-on de se dérober à la chevalerie elle-même, cause ou occasion de tant de maux ; on néglige ou l’on évite de se faire armer chevalier. Les ordonnances qui enjoignent de recevoir cet honneur reviennent incessamment au cours du XIIIe siècle ; cela prouve clairement qu’on ne s’y prêtai que de mauvaise grâce. Dès 1278, le roi commande aux shérifs de contraindre à recevoir l’accolade, non pas seulement les personnes appartenant à la classe des chevaliers, mais tous les hommes dont le revenu foncier égale vingt livres sterling, de quelque seigneur et à quelque titre qu’ils tiennent leurs terres. Cette prescription, répétée depuis, montre à quel point le cours des temps et la force des choses avaient mélangé les deux classes,