Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/429

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siastiques et laïques. Je ne me mêle pas de déterminer à quel titre les premiers y siégeaient. Était-ce à raison d’un fief, d’une baronnie ou de leur caractère spirituel ? Le fait, bien plus décisif ici que le droit, est qu’ils appartenaient en grand nombre aux familles des grands vassaux, qu’ils avaient tous des domaines d’importance et de nature baronniale, soumis aux mêmes services et aux mêmes impôts que ceux de leurs collègues laïques, et qu’on les traitait volontiers de « barons comme les autres » (sicut barones cæteri). Ces deux ordres de magnats, rapprochés par tant de conditions communes, ont formé à eux seuls le grand conseil du souverain jusqu’au milieu du XIIIe siècle. La tradition de cette activité conjointe et prolongée a conjuré le péril d’une séparation tranchée entre les deux ordres de la noblesse et du clergé, cette même séparation qui paraît en France avec les États généraux, et qui s’est perpétuée jusqu’en 1789. Là encore, la constitution précoce d’une aristocratie politique a eu des résultats d’un prix inestimable.

C’est environ trente ans après l’institution régulière de la justice ambulante que la classe des chevaliers, relevée par l’importance des devoirs qu’elle accepte et des services qu’elle rend à l’État dans l’administration locale, secondée et supplée par toute la haute classe des propriétaires, commence à se rapprocher du Parlement. Ce n’est pas elle qui en demande l’entrée. Devenue à ce point nombreuse, compacte, active, elle est une puissance que ni le roi ni les barons ne peuvent négliger de concilier à leur cause. Ce sont eux qui vont la chercher, l’inviter, la presser. En 1213, au cours de la lutte qui aboutit à la grande charte, le roi commence. Pour la première fois, quatre chevaliers, choisis dans chaque comté, sont cités à cette fin expresse de s’entretenir avec le prince des affaires de l’État. En 1215, la grande charte paraît laisser de côté le principe de l’élection et de la représentation. Après le roi Jean, il y a une période d’apaisement. On revient donc à l’ancienne procédure, et le grand conseil reste relativement aristocratique jusqu’en 1254, époque où la lutte s’aigrit de nouveau entre la royauté et le baronnage. Chacun des deux partis commence à sentir le besoin de trouver des alliés dans le reste de la nation. A cette date, deux chevaliers par