Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/441

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accorda au comte Raymond la paix, à des conditions trop humiliantes pour fonder une réconciliation durable. D’ailleurs, le fanatisme des inquisiteurs excitait une indignation dont les derniers poètes provençaux se firent les organes passionnés ; plus les violences augmentaient, plus se fortifiait la résistance des cathares ; leur organisation subsista, les seigneurs continuèrent de les protéger et le peuple de les écouter ; leur cause religieuse se confondait avec la cause nationale. En 1239, le comte de Toulouse, exaspéré par l’oppression, reprit les armes ; il fut une seconde fois forcé de se soumettre. Quand le 29 mai 1242 on tua quatre inquisiteurs à Avignonet, le comte, soupçonné injustement d’avoir été l’instigateur de ce crime, fut excommunié par l’archevêque de Narbonne ; il jura de venger la mort des victimes, mais aussi de ne plus tolérer les dominicains comme agents de l’inquisition. Pour témoigner de son dévouement à l’Église, il assiégea le château fort de Montségur, dernier refuge des Albigeois. Après plusieurs assauts la place dut se rendre ; le 14 mars 1244, près de deux cents parfaits, dont deux évêques, périrent par le feu. L’hérésie ne se maintint plus que péniblement et en secret ; beaucoup de membres de la secte se réfugièrent en Lombardie. Après la réunion du comté de Toulouse à la couronne de France, les rois achevèrent la destruction du catharisme, dont les dernières traces se perdent en ce pays dans la première moitié du XIVe siècle.

CH. SCHMIDT, Précis de l’histoire de l’Église d’Occident pendant le moyen âge, Paris, Fischbacher, 1885, in-8º.