Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/442

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


II. — QUELQUES CLERCS DU XIIe ET DU XIIIe SIÈCLE


PRIMAT. — W. NAP. — SERLON. — LE CHANCELIER.


Peu de personnages ont joui dans le monde clérical, depuis le XIIe siècle, d’une popularité égale à celle d’un certain Primat, sur le compte duquel, avant de très récentes recherches, on ne savait absolument rien. — Le professeur de rhétorique italien Thomas de Capoue, qui écrivait au temps du pape Innocent III, après avoir distingué le style rythmique et le style métrique, ajoute que si Virgile a donné les plus parfaits modèles de l’un, Primat a excellé dans l’autre. D’autre part, Richard de Poitiers, moine de Cluny, a composé, vers la fin du XIIe siècle, une chronique où l’on lit, à la date de 1142 : « A cette époque brillait à Paris un écolier, nommé Hugues, que ses condisciples avaient surnommé Primat. Il était d’assez bonne condition, mais d’un extérieur disgracieux. Adonné dès sa jeunesse aux lettres mondaines, il se fit dans plusieurs provinces une grande réputation comme plaisant et comme littérateur. Son talent d’improvisateur était célèbre. Il y a des vers de lui que l’on ne peut pas entendre sans éclater de rire. » Ainsi, Primat florissait vers 1140, et c’était un joyeux compagnon. Le poète Mathieu de Vendôme corrobore sur ce point et enrichit encore le témoignage de Richard de Poitiers : il nous apprend, en effet, qu’il avait fait ses études aux écoles d’Orléans, avant 1150, alors que l’une des chaires de cette ville était occupée par l’illustre Primat :

  Mihi dulcis alumna,
    Tempore Primatis, Aurelianis, ave !

Primat est d’ailleurs qualifié de « Primat d’Orléans » par une foule d’écrivains, de copistes et de bibliographes postérieurs à Mathieu de Vendôme. — De très bonne heure, ce Primat de