Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/450

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son poulailler. En 1282, il signale un tel excès de chenilles que les arbres en perdirent toutes leurs feuilles ; mais, pour la même année, les Vêpres sanglantes de Sicile ne lui prennent que trois lignes. L’âme, en lui, fut médiocre. Tout petit, il était dans son berceau lorsqu’un ouragan terrible passa sur Parme ; sa mère, craignant que le baptistère ne tombât sur la maison, prit dans ses bras ses deux fillettes et se sauva, abandonnant à la grâce de Dieu le futur moine. « Aussi, dit-il, je ne l’ai jamais beaucoup aimée, car c’est moi, le garçon, qu’elle aurait dû emporter. » Il entra au couvent, malgré ses parents et l’empereur Frédéric II auquel le père eut recours. L’empereur ordonna aux frères de rendre leur novice ; le père vint supplier son fils, au nom de sa mère ; Salimbene répondit tranquillement : Qui amat patrem aut matrem plus quam me, non est me dignus. Plus tard, il se réjouissait de n’avoir point, lui et son frère, continué le nom et la race paternels. Et cependant, il ne fut qu’un religieux assez calme, d’un zèle raisonnable. Il parle des choses liturgiques avec un sans-façon qui étonne. « C’est bien long, dit-il, de lire les psaumes à l’office de nuit du dimanche, avant le chant du Te Deum. Et c’est bien ennuyeux, autant en été qu’en hiver ; car, en été, avec les nuits courtes et la grande chaleur, on est trop tourmenté des puces. » Et il ajoute : « Il y a encore dans l’office ecclésiastique beaucoup de choses qui pourraient être changées en mieux. » Il aime les grands couvents où « les frères ont des délectations et des consolations plus grandes que dans les petits ». Il ne fait pas mystère de ces consolations, poissons, gibier, poulardes et tourtes, douceurs temporelles que Dieu prodigue à ceux qui font vœu d’être siens. Vous trouverez, dans la chronique, quatre ou cinq dîners de petits frères de saint François, tous très succulents. Une pieuse gourmandise porte à la gaieté, et Salimbene est un joyeux compère : les histoires de couvent, dignes de frère Jean des Entommeures, abondent dans son livre. Mais retournez-le, et vous apercevrez l’un des écrivains — je dis des écrivains ecclésiastiques — les plus précieux du moyen âge, l’un des témoins les plus édifiants du XIIIe siècle italien.

Il était né à Parme en 1221. A dix-sept ans, il prit l’habit. Il rédigea sa chronique entre 1283 et 1288. Il mourut sans doute