Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/466

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mais il manque de politesse ; ainsi le vertueux Robert n’était pas toujours poli.

Il paraît que de son temps les femmes portaient des robes très longues, c’est une mode qu’il se permet de plaisanter. « Une femme, dit-il, ayant prié son mari de faire pour elle l’emplette d’une robe, il l’achète assez longue. La femme s’en étant revêtue monte sur un coffre, pour en mieux juger l’ampleur et la bonne façon. Mais voilà que, l’épreuve faite, la femme, attristée, dit au mari : « Pourquoi donc m’avez-vous acheté, monsieur, une robe si courte ? j’en voulais une qui pendît jusqu’à terre. — Mais, répond le mari, je pensais que vous vouliez une robe pour vous seule, non pour vous et pour ce coffre tout ensemble. Si vous m’en aviez averti, j’aurais volontiers satisfait à votre désir. »

[Illustration : Le sire de Joinville, habillé de ses armoiries, d’après un manuscrit du XIVe siècle.]

Mais revenons à la reine Marguerite. On n’a pas pu ne pas s’étonner de voir Robert taxer publiquement d’immodestie la femme très aimée du saint roi. On s’étonnera certainement davantage de l’entendre enseigner au roi lui-même comment il la devait corriger de ce grave défaut. L’enseignement a la forme d’une anecdote ; mais le narrateur en fait lui-même l’application aux personnes royales. Voici tout le passage : « Comment faut-il comprendre ces paroles de l’apôtre disant que l’époux et l’épouse doivent mutuellement se complaire ? Il y a là une difficulté dont certain prince a montré la solution au roi de France. Ce roi est d’une grande bonhomie ; sa démarche, son port, sont des plus modestes ; mais sa femme est tout autre. Le prince dont il est question ayant une humble tenue, cela déplaisait à sa femme, qui aimait s’affubler des plus riches ornements, et comme elle blâmait sa pauvre mine et s’en plaignait même à ses parents, il lui dit : « Madame, il vous plaît donc que je me pare de vêtements de prix ? » Elle répondant que tel était, en effet, son désir, et que finalement elle voulait le voir s’y conformer, le prince reprit : « Eh bien, je ferai cela pour vous, la loi conjugale étant que l’homme doit complaire à sa femme, et réciproquement…. Mais cette loi qui m’oblige envers vous, vous oblige pareillement envers moi : vous êtes tenue d’obéir à ma volonté, comme je le suis d’obéir à la vôtre. En conséquence, je veux que