Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/468

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faire avec eux une loi sévère contre les blasphémateurs ; mais, ayant trouvé ces évêques peu favorables à son projet, il fut tellement ému de leur froideur qu’il en eut une fièvre tierce dont il faillit mourir ». En outre, on jouait habituellement après les grands repas, et de très grosses sommes. La passion du jeu ne fut peut-être jamais plus violente et plus commune. Elle avait gagné les clercs eux-mêmes. Nous lisons dans un des sermons de Robert : « Voici ce qui vient d’arriver cette semaine à deux lieues de Paris. Un prêtre, ayant joué dix livres et son cheval, s’est pendu. Ainsi finissent les parties de dés. Malheureux, va jouer maintenant ! » On jurait, on jouait, on appelait ensuite pour se divertir de toute manière des bateleurs, à qui le maître du logis faisait souvent, par ostentation, des présents magnifiques.

« Un jour, dit Robert, l’évêque Guillaume (il s’agit du célèbre Guillaume d’Auvergne) se promenait à cheval avec le roi Louis et son frère le comte d’Artois. » Il faisait un grand vent qui toujours décoiffait l’évêque. Le roi lui dit : « Comment ne pouvez-vous retenir votre bonnet et l’empêcher de tomber ? » L’évêque lui répondit : « Sire, je ne réussis pas à l’attacher si bien que le vent ne me l’enlève. Mais cela ne m’étonne guère, car on a vu plus d’une fois certain vent dépouiller les gens même de leur tunique. — Comment cela ? dit le roi. — Sire, répliqua l’évêque, n’est-il pas, en effet, arrivé plus d’une fois que, violenté par le vent de la vaine gloire, un chevalier ait quitté sa robe pour la donner à quelque histrion ? » — Aimer, honorer, gratifier des histrions, ce n’était pas un moindre délit, suivant Robert, qu’offrir un sacrifice aux démons. Enfin un autre intermède des festins était la chanson souvent déshonnête. Combien Robert désirait fermer les oreilles aux galanteries des ménestrels ! Nous tenons de lui l’anecdote qu’on va lire. Lorsque Folquet, archevêque de Toulouse, entendait par hasard chanter une de ces chansons qu’il avait composées au temps de sa jeunesse mondaine, il s’obligeait durant le premier repas du jour, à ne manger que du pain, à ne boire que de l’eau. Nous ne voulons pas excuser ici ce que le prud’homme condamne. Cependant, puisqu’il s’agit de Folquet, disons qu’à ce farouche persécuteur